Je ne développerai pas ici la question, très intéressante, du cinéma développée dans ce film. Je m'intéresserai seulement au pneu en tant que concept du vivant et de l'animé.
Rubber est un concept philosophique. Ce pneu, c'est la volonté de puissance de l'homme. Ce pneu, c'est la force vitale rendue visible et incarnée dans du caoutchouc. Le cinéma rend cela possible. Transférer un concept dans un pneu en caoutchouc. Rubber questionne la notion de personnage. Pourquoi l'homme serait-il le messager, l'incarnation de tous les concepts ? Le pneu, l'inanimé qui attend que l'homme lui donne sa force, et qui fait avancer l'homme à son tour. La roue motrice qui écrase et qui avance.
Rien ne barre la route du pneu. Il est. Il est vivant. il avance toujours. Parfois recule. Mais toujours animé, du même mouvement d'énergie vitale. Rien ne lui barre la route. La seule possibilité qu'il ait trouvé à l'expansion continue de sa force et de son mouvement, est l'anéantissement de toutes les formes autres qui pourraient nuire à sa propre avancée.
Rubber jamais ne grandit. Il ne se nourrit pas de la destruction. Rubber c'est l'animé pur. Il est au degré zéro de la conscience. Je pense cependant à un passage intéressant, ou le pneu est confronté à son image dans le miroir. Là où l'animé pur devient image de sa propre image, il prend conscience de lui même.
Rubber c'est l'énergie du vivant toujours renouvelée en chaque chose. Ce qui anime ce pneu et qui se retrouve dans le tricycle et dans tous les pneus du monde, est cellulaire.