Huitième long-métrage de son auteur, "Rue de l'estrapade" n'égale pas tout à fait les plus grandes réussites de Jacques Becker, la faute à un scénario légèrement bancal.
Toutefois, il subsiste toujours l'immense plaisir de découvrir ces années-là à travers le regard tendre mais perçant du réalisateur, qui croque des personnages plus vrais que nature, et parvient à rendre le quotidien passionnant.
Plusieurs détails m'auront toutefois gêné, à commencer par le jeu apprêté de Louis Jourdan, mais également le peu de place accordé au personnage du couturier homosexuel, campé avec majesté par le grand Jean Servais, qui disparaît hélas presque aussi vite qu'il est venu.
Mais Anne Vernon reste toujours aussi ravissante, à qui Becker offre un beau personnage de femme indépendante, tandis que Daniel Gélin apparaît bien plus attachant que dans "Edouard et Caroline", dans la peau d'un jeune musicien charmeur et pique-assiette.
A l'arrivée, une comédie sentimentale légère et charmante, juste teintée d'une certaine amertume qui vient rehausser la saveur de l'ensemble.