Le souci majeur du poliziottesco est qu’il part souvent dans tous les sens et que le propos manque singulièrement de clarté. Voilà une critique qu’on ne peut pas adresser à ce Rue de la violence qui, s’il prend parfois de drôles de directions, finit toujours par retomber sur ses pattes pour proposer un récit cohérent. Porté par une musique une nouvelle fois de qualité (ces Italiens, qu’ils sont bons dans la composition des B.O.), un Luc Merenda que je trouve plutôt à son aise et une réalisation qui ne vise que l’efficacité, le résultat est tout à fait honorable.
Comme toujours, le poliziottesco ne fait pas dans la dentelle. On y tue des marmots, des femmes enceintes et des bons pères de famille. Les flics utilisent des méthodes radicales et le propos sur la violence hésite entre discours d’extrême-gauche ou discours d’extrême-droite. Qui aime cependant ces films faits de trois bouts de ficelle qui misent sur les fusillades sanguinolentes, les corps à corps virils et les courses poursuites en bagnoles en ont pour leurs frais. C’est rudimentaire mais rudement efficace. Bien entendu, l’ensemble souffre de certaines maladresses. Que ce soient des zooms à répétition dans la réalisation, d’un montage parfois peu heureux sur certaines séquences ou de scènes de transition expédiées à grands coups de pied dans les fesses.
Mais c’est aussi l’essence de ce cinéma d’exploitation qui ne lésine pas sur les moyens pour choquer ou secouer son spectateur par des procédés de mise en scène quelque peu grossiers. Cinéma de l’excès, qui parvient à extraire de temps à autre le meilleur du polar urbain américain, le poliziottesco est tout un concept. Celui-ci est maîtrisé et propose un polar brut de décoffrage tout à fait divertissant. 6,5.