Milan tremble : La Police veut faire régner la Justice...

Une Fiat déambule dans les rues pavées d'un Milan fantomatique, gros plan sur le visage de l'inspecteur de service cette fois-ci interprété par le français Luc Merenda, enchaînement zoom-arrière et puis commence le générique typique du cinéma italien des années 70, une BO signée Guido et Maurizio De Angelis, pas de doute, on est dans la polizioteschi ou poliziottesco.


Le film est réalisé par l'un des nombreux et prolifique metteur en scène italien, Sergio Martino, un touche à tout plus ou moins inspiré, dont les plus belles réussites seront dans le genre giallo. Avec l'excellent La Coda Dello Scorpione, il en réussit l'un des tout meilleurs du genre. Il réalisera un très bon western crépusculaire, Mannaja l'homme à la hache et plusieurs polars de bonnes factures.


Milano Trema : La Polizia Vuole Giustiza est un polizittesco, de cette veine du polar italien très en vogue dans les années 70 qui avait la particularité de véhiculer un sous-message politique plus ou moins fort. L'Italie traversait alors une grave crise sociétale, et la violence sévissait dans les rues. Un désir d'ordre et de justice naissait alors. C'était une époque d'assassinat politique et d’attentats revendiqués par des groupuscules d'extrême-gauche représentait par Les Brigades Rouges, mais aussi par leur opposé droitiste avec notamment le tristement célèbre Réseau Gladio (Le Glève), un groupuscule d'extrême-droite qui sera responsable de plusieurs assassinats.


Dans ce Rue De La Violence, Martino s'inspire librement de l'assassinat du commissaire Luigi Calabresi qui fût tué en pleine rue après avoir été soupçonné d'avoir lui-même provoqué la mort de l'anarchiste Giuseppe Pinelli accusé d'être responsable de l'attentat de la Piazza Fontana.
On l'aura compris, on est dans une période troublée et tumultueuse de l'histoire transalpine et les cinéastes ne manquent pas de retranscrire cette ambiance lourde et radicale dans des polars ultra-violents qui lorgneraient du côté de l'Inspecteur Harry. Le désir de justice représentait par une sorte de héros droitier.


Dès le début on assiste à une fusillade à la violence outrancière avec impacts de balle et crimes odieux, les protagonistes n'hésitent pas à assassiner une enfant et une femme enceinte. La pourriture matérialisée dans ces gangsters sans foi ni loi. Là dessus arrive un inspecteur implacable, interprété par un Luc Merenda qui ne s'en sort pas trop mal, même s'il ne possède pas le charisme d'un Tomas Milian ou d'un Franco Nero, voir la franchise implacable et sans concession d'un Maurizio Merli, autres figures du genre. Il avance chemise entrouverte et torse bombé, l'air enjoué, et la gâchette facile. Le parfait héros prêt à dessouder de la racaille. A noter également la présence de l'acteur américain, Richard Conte, vu entre autre chez Coppola.


Ça marche pas trop mal, même si ça paraît souvent emprunté et qu'à force de vouloir parler de plein de choses, ça en devient totalement désordonné et pas toujours sensé. Malgré une vraie volonté de la part du réalisateur d'en montrer, quelques fusillades et poursuites en voiture dans des terrains vagues, histoire de ne pas trop faire exploser le budget, on n'est manifestement pas dans le polar haut de gamme à la Fernando Di Leo.


Le message à connotation politique est un rien emprunté et pas vraiment traité finement. Malgré ses défauts et sa mise en scène un peu bancale, ce petit polar possède quelques atouts non négligeables. Notamment quelques répliques assez cultes, la présence de très jolies égéries féminines, ah ces actrices italiennes..., et un rythme assez soutenu. Et surtout cette incroyable capacité qu'avaient ces cinéastes à faire avec peu de moyen. A noter une ou deux scènes de poursuites en voiture franchement impressionnantes.

Créée

le 24 mai 2016

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