On tombe, avec ce film, dans la grande question de l'art : peut-il n'être qu'un divertissement, ou doit-il toujours essayer de viser plus haut : l'universalité, la beauté, la profondeur ?
Car, si l'art doit se contenter de divertir, alors Run est une réussite. On s'y ennuie peu, le rythme est soutenu, si ce n'est même parfois effréné tant le film peu se révéler oppressant et bien que cousu de fil blanc, on se laisse aisément embarquer par le scénario. De ce point de vue là, donc, on peut difficilement critiquer Run.
En revanche, si on espère toujours se frotter à quelque chose d'un peu plus grand, d'un peu plus puissant, qu'une simple narration, alors Run ne peut que décevoir. Le scénario se devine dès le premier quart d'heure du film et ne propose pas de surprise, les étapes du film sont typiquement celles du film d'horreur ou du thriller, jusqu'à la scène post-dénouement qui va bien, et l'atmosphère générale reste celle pesante qui sied au genre. La réalisation est certes propre et soignée, mais on sent que l'on est sur une simple recherche d'efficacité, au détriment de la beauté, du symbolisme ou d'une volonté plus haute et plus large.
On pourra rétorquer qu'il est malhonnête de critiquer un film parce qu'il n'a pas atteint un but qu'il ne s'était pas donné. Et c'est très vrai. Mais la présence de Sarah Paulson est une invitation à ce genre de débat, tant sa présence dans un casting indique généralement une volonté plus haute que celle du simple divertissement ; au même titre qu'une Elisabeth Moss. On était donc en droit d'attendre plus, et on est par conséquent en droit, aussi, de se déclarer quelque peu déçu ; au même titre qu'une œuvre telle que celle d'Invisible Man qui lui ressemble beaucoup, tant en raison de sa qualité, que de son univers, de son scénario, ainsi que des questions qu'il avait posées.