Sur le papier, Rush apparaît comme rebutant. Un film basé sur la rivalité entre deux pilotes de Formule1 durant les années 70 et réalisé par Ron Howard, l’adaptateur officiel des livres de Dan Brown, a de quoi faire peur. Howard, après 40 ans derrière la caméra, a touché à tous les genres que ce soit la Science-fiction avec Aollo 13, le Western avec Les Disparues ou la Fantasy avec Willow, mais accouche bien souvent d’œuvres poussives. Mon petit doigt me disait que ce film n’allait pas me plaire, mais avec une moyenne aussi élevée et une flopée de 7-8 chez mes éclaireurs, ma curiosité était piquée au vif. Comme quoi, les intuitions…
Rush met en scène deux pilotes au style diamétralement opposé. D’un côté Niki Lauda, brun au physique ingrat, archétype de l’Autrichien qui apparaît comme froid et calculateur. De l’autre côté le sympathique anglais James Hunt, ostensible séducteur et tête brûlée sur et en dehors des circuits. Cette opposition forte, qui imprègne les deux heures de scènes, est interprétée par un Chris Hemsworth taillé pour ce rôle de playboy irrévérencieux et un Daniel Brühl dont la ressemblance avec Lauda est saisissante.
Au-delà de la compétition, le film met en exergue de nombreuses valeurs sportives telles que le respect de l’adversaire ou le dépassement de soi. Rush permet aux non-initiés de découvrir ce sport rarement porté à l’écran.
La mise en scène est bluffante car très élégante, bercée par un souffle nostalgique et auréolée d’une intimité entre le spectateur et les pilotes. Les scènes de courses ont été filmées avec plus de 30 caméras en simultanée afin de pouvoir au montage, donner cet incroyable effet de vitesse et cette impression de minutie inégalable. Le vrombissement des moteurs, les bolides lancés à toute vitesse sur l’asphalte, la multitude de détails avant et après la course, comme par exemple les vomissements intempestifs de Hunt avant le départ, ainsi que le contraste entre la légèreté des seventies et ce danger constant qui plane au-dessus de la piste donnent au biopic ce caractère salvateur de crédibilité.
En utilisant les acteurs comme narrateurs et en ne prenant pas parti pour l’un des deux protagonistes, Howard déjoue habilement les pièges de ce scénario rudimentaire. Lauda et Hunt racontent leur histoire. Howard orchestre.
Rush se révèle être le fleuron de la filmographie de Ron Howard, apogée de ce qu’il a toujours réussi de mieux, le biopic. Celui-ci touche au sublime.