Le métier de pilote comme vous ne l'avez jamais vu

Entre la fin des années 70, toute la décennie 80 et le début des 90, j'étais passionné de F1, mais depuis j'ai laché tout ça, tout a bien changé dans ce sport où comme dans le football, l'argent a pris une place de plus en plus grande jusqu'à pourrir ce milieu de prestige très fermé. C'est pourquoi je préfère de loin la F1 d'autrefois dont ce film retrace l'une des rivalités les plus grisantes jamais vue sur un circuit, c'était au temps où la différence se faisait vraiment à la valeur des pilotes, et non comme aujourd'hui où tout est basé sur la mécanique de pointe, où tout est uniformisé et où tout le monde a pratiquement une voiture analogue à celle du voisin.
Cette reconstitution de la F1 des années 70 est fascinante de vérité, elle était encore un peu insouciante, on commençait à peine à se soucier de sécurité... c'est sans aucun doute l'un des rares films (avec Grand Prix) à traiter avec une grande justesse ce milieu sportif. L'impitoyable rivalité entre l'Anglais Hunt le fêtard invétéré et l'Autrichien calculateur et rigoureux Lauda est parfaitement rendue par Ron Howard qui a choisi 2 acteurs au diapason (Hemsworth s'y révèle bien meilleur que dans son corset de Thor) et qui s'intéresse surtout à l'année 1976 où Lauda est ressorti défiguré d'un accident au Nurburgring et qui a réussi à reprendre le volant 42 jours plus tard. Il a par la suite abandonné la F1 pour piloter des avions, puis est revenu au milieu des années 80 où il a trouvé un autre rival en la personne d'Alain Prost. Hunt quant à lui n'a été champion du monde qu'une seule fois, en 1976, puis a brûlé sa vie par les 2 bouts avant de mourir à 45 ans, pratiquement ruiné.
Au travers de cet affrontement de 2 styles différents de conduite et de pensée, c'est un film qui sait non seulement parler du métier de pilote, mais aussi une formidable aventure humaine à l'énergie intense à laquelle même les non connaisseurs en sport automobile peuvent être sensibles, assurément l'un des meilleurs films de Ron Howard, avec des séquences grandioses, un rythme incroyable, un montage de folie, une réalisation virtuose au ton presque documentaire qui en font une grande réussite, c'est très immersif et prenant, parce que ce sont de vrais pilotes et de vrais enjeux.