Ghostbusters est un de mes premiers souvenirs cinéphiles.

Je me rappelle tout d'abord avoir vu le clip dans le fameux Top 50 sur Canal + - présenté par Marc Toesca, bien sûr !) - et moins de deux ans plus tard (plus ou moins), j'ai enfin pu voir le film.

Équilibre parfait entre comédie grinçante et fantastique mystico-millénariste, Ghostbusters est de plus porté par un casting aux petits oignons et les répliques y sont mémorables !

Mais que de chemin parcouru pour en arriver là !

Conçu au départ comme un véhicule pour le duo Aykroyd/Belushi, ce qui s'appelait alors Ghost Smashers, racontait l'histoire de multiples groupes de chasseurs de fantômes par-delà d'innombrables dimensions (dans l'une d'elles, il a été fait mention à Harold Ramis de 50 créatures géantes à la Stay Puft par Aykroyd himself).

Mais alors qu'Aykroyd écrivait une réplique pour Venkman/Belushi, un ami commun vint lui annoncer la terrible nouvelle: son ami venait de succomber à une overdose dans le fameux Château Marmont de Sunset Blvd...

Aykroyd mit de côté le scénario et se jeta à corps perdu dans d'autres œuvres, laissant le temps au temps de se remettre de cette douloureuse disparition de celui qu'il considérait comme un frère...

Au premier trimestre 1983, Aykroyd se remit au travail en compagnie d'Harold Ramis (qui avait déjà travaillé avec Bill Murray et Ivan Reitman, qui eux-même était déjà en relation avec Aykroyd) et le scénario prit sa forme finale (à quelques variations près) début 1984.

Le casting prévu à l'origine changea donc quelque peu:

  • John Belushi devait incarner Peter Venkman (rôle échu à Bill Murray après le décès de ce dernier en mars 1982),

  • John Candy avait été choisi pour être Louis Tully (mais suite à sa ferme intention de donner un accent allemand à son personnage - vivant entouré de rottweilers -, il y eu un clash entre lui et le trio Reitman/Ramis/Aykroyd)
  • le personnage de Winston Zedmore avait été offert à Eddie Murphy (celui-ci déclina l'offre pour devenir un certain Axel Foley et c'est donc Ernie Hudson qui le remplaça au pied levé). Cela influa sur le personnage de Zedmore qui apparaissait bien plus tôt dans le récit et était celui qui était englué par Slimer),
  • le rôle de Janine fut originellement prévu pour Sandra Bernhard, mais c'est finalement Annie Potts qui décrocha la timbale,
  • Michael Ensign auditionna pour interpréter Walter Peck, mais étant donné que c'est William Atherton qui obtint le rôle, Ensign dû se contenter de jouer dans le film en tant que directeur du Sedgwick Hotel,
  • et enfin, le rôle d'Egon Spengler fut le plus difficile à caster (Jeff Goldblum, John Lightgow et même Christopher Walken furent envisagés), mais finalement, Ramis se considéra alors comme la personne la plus adéquate pour incarner ce personnage un peu "autre".

Le tournage fut validé en juin 1983 par Franck Price - le Président de la Columbia en ce temps-là - et la date de sortie fixée en juin de l'année suivante, ce qui laissa donc pile 12 mois à l'équipe pour rendre le produit fini..., ce qui fut fait à peine dans les temps, laissant quelques SFX non peaufinés atterrir à l'écran, faute de temps.

Le scénario du trio Aykroyd/Ramis/Reitman fut filmé à 90% malgré quelques remaniements pendant le tournage:

  • ainsi, l'Ecto 1 passa de noire à blanche pour le confort visuel lors des scènes nocturnes,

et lors du montage final:

  • le rôle de Louis Tully possédé par Vinz Clortho fut écourté (on le voyait déambuler plus longtemps dans les rues de Manhattan et il tombait même nez à nez avec un trio de gangsters qu'il envoyait balader grâce à ses pouvoirs),
  • la love-story entre Spengler et Janine a été réduite à une tentative infructueuse...

Concernant les décors, c'est le regretté John DeCuir Jr qui s'en chargea brillament (il travailla entre autre sur le Cleôpatra de Mankiewicz) et il recréa la rue et les deux premiers étages du Shandor's Buiding (ainsi que tous les intérieurs du dit building) sur le plus grand plateau de la Columbia, tout comme un matte-painting de 360° pour illustrer la vue extérieure des appartements du Shandor.

Quant aux décors naturels, ils se scindèrent entre New York et Los Angeles.

New York

  • L'immeuble dessiné par Ivo Shandor se trouve réellement au numéro 55 Central Park West, mais le sommet a été surélevé de quelques étages et le design de la partie ajourée s'inspire ouvertement du Continental Life Building de Saint Louis (Missouri)
    https://www.builtstlouis.net/images/continental-aerial.jpg,
  • L'extérieur du QG des Ghostbusters est en fait le Hook and Ladder #8 Firehouse situé au 14 North Moore Street dans le quartier de Tribeca,
  • Tavern on the Green (le restaurant chic où Louis se fait posséder par Vinz Clortho, le Maitre des Clés) se trouve dans la 67th Street Central Park West ,
  • la bibliothèque (extérieur et rez-de-chaussée) est donc la New York Public Library, entre la 5th Avenue et la fameuse 42nd Street (The Deuce),
  • l'Université Weaver Hall (en fait, la Columbia University) est située entre Broadway et la 116th Street,

Los Angeles:

  • l'intérieur du QG des Ghostbusters est en fait la Fire Station 23 au 225 East 5th Street,
  • le Sedgwick Hotel (en fait, le Biltmore Hotel) est au 506 South Grand Avenue,
  • les scènes se déroulant au sous-sol de la bibliothèque (où l'on voit le fameux fantôme de la libraire) ont été tournées à la Los Angeles Central Library, sise au 630 West 5th Street.

Entre autres anecdotes:


  • la Cadillac 1959 figurant Ecto 1 n'a été construite qu'à un exemplaire et elle a été remplacée lors du tournage de Ghostbusters II et remisée dans un hangar pendant un quart de siècle.
    Elle a cependant été entièrement rénovée en 2009 par l'équipe de Cinema Vehicles Services à l'occasion de la sortie de Ghostbusters The Video Game.
    https://www.youtube.com/watch?v=SjXvCHnHjVw,
  • le desing et le comportement d'OnionHead (rebaptisé Slimer en 1986 pour l'anime The Real Ghostbusters) est voulu comme un hommage à John Belushi d'après les dires d'Aykroyd himself,
  • le titre du film original en deux parties tel qu'il apparait à l'écran (et dans le trailer) est Ghost Busters (en deux mots, donc) alors que lors de la première édition vidéo (et tout au long de la saga) il sera modifié en tant que Ghostbusters.
    Il s'agit en fait du résultat d'une plainte de Filmation qui avait alors déposé le nom Ghost Busters pour sa série datant des années 70.
    https://www.youtube.com/watch?v=P4-Io8xMHL4,
  • lorsque Dana répond une seconde fois à Venkman

"Can I speak to Dana ?"

"There is no Dana, only Zuul",

c'est en fait la voix d'Ivan Reitman que l'on entend,

  • la chanson-titre de Ray Parker Jr a amené une plainte de Huey Lewis pour plagiat partiel de sa chanson "I Want A New Drug" (https://www.youtube.com/watch?v=N6uEMOeDZsA) sur laquelle effectivement, on reconnait la ligne de basse.
    Un arrangement confidentiel hors tribunal a été conclu entre Parker et Lewis (tiens, ça fait Parker Lewis, pour ceux qui connaissent...) en 1995, ce qui inclut une clause de non-divulgation du dit arrangement...qui fut brisée en 2001 par Lewis lors d'un interview sur VH1.
    Ray Parker Jr déposa alors une plainte à, son tour pour non respect de confidentialité...,
  • le numéro de téléphone (fictif) des Ghostbusters est le 555 - 2368, mais en septembre 84 (en pleine exploitation du film, donc) une pub parut indiquant cette fois le numéro actif 1 - 800 - 2368, où l'on pouvait entendre un message enregistré de Peter Venkman/Murray et Ray Stantz/Aykroyd dire:
    "Hi. We're out catching ghosts right now" !

Qu'en est-il du film ?


Je n'ai eu de cesse de le regarder depuis plus de 30 ans (36 ans exactement!!!) et je prends toujours autant de plaisir à le faire !

Le mariage comédie/fantastique donne une des meilleures...comédies fantastiques de l'histoire du cinéma, selon moi !

L'abattage des comédiens, les répliques inoubliables et les SFX y participent tout autant (bien que certains pâtissent de caches déficients et/ou d'étalonnage pas toujjours adéquates, la faute à une post-production un peu précipitée pour respecter la date de sortie) et le ton général du métrage nous procurent 99 minutes de pur plaisir.

En bref, une oeuvre ultra divertissante qui permet de se laisser happer par cette improbable équipe de pseudo-scientifiques, qui pourchassent et réduisent à néant les brebis de...l'Enfer.

PS: j'en aurait presque oublié de mentionner l'excellente OST !
D'abord celle d'Elmer Berstein, toujours occultée par la première release qui mettait à l'honneur les différentes chansons.

Voici donc la version la plus complète de son travail:
https://www.youtube.com/watch?v=4o6KaJ36660.


Passons maintenant aux chansons...


Outre l'inoubliable chanson-titre (pas pour Huey Lewis, cependant) interprétée par Ray Parker Jr (il n'eut qu'une poignée de jours pour rendre sa copie) et son fameux clip "all stars"
https://www.youtube.com/watch?v=Fe93CLbHjxQ, il y eut aussi entres autres:

"Saving the day" est donc le mot de la fin...


"If there's something strange...

In your neighborhood

Who you gonna call..?"

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le 26 juil. 2013

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The Lizard King

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