Les Amicaux Fantômes Du Passé

Quelques années après le succès du premier Ghostbusters, toute l’équipe de comédiens rempile autour d’Ivan Reitman pour une nouvelle aventure fantastique aux élans comiques. Pour prendre, surtout, de nouveau un peu de bon temps au cœur de New York sur fond d’effets spéciaux et de traits d’humour décapants. Les ingrédients originaux sont de nouveaux réunis, tous autant que possible, mais la nouveauté malheureusement n’est plus là et la sympathique sauce, ré-épaissie, a

un petit goût de réchauffé

– agréable oui – pas toujours efficace.

Cinq ans plus tard donc, un liquide ectoplasmique s’écoule hors des pavés de New York, et dès le premier plan, le spectateur apprécie les progrès réalisés en matière d’effets spéciaux. Dana Barrett, souriante Sigourney Weaver, remonte l’avenue, les bras chargés de courses en poussant un landau qui bientôt part en roues libres sur la chaussée : de suite un véritable enjeu, mise en danger d’un bébé, pour une séquence d’ouverture flippante. Parallèlement, faute de phénomènes paranormaux, les chasseurs de fantômes en sont réduits à animer les anniversaires d’enfants… Oublié l’amour d’une ville pour ses héros, oublié le flirt de Dana et Venkman, celle-ci nous conduit au sérieux Spengler, quand le dernier est justement devenu ce qu’elle lui prédisait dans le premier opus : un affable cynique présentateur de show télévisé.

Vous savez que je suis un électeur. N’êtes-vous pas censé me
lécher le cul et me mentir ?

Fini l’orchestre symphonique, Dana fait de la restauration d’art maintenant, à mi-temps pour s’occuper de son fils, et travaille à proximité d’un effrayant tableau vivant, sombre et doré portrait d’un Dracula assoiffé de pouvoir, fléau des Carpates et véritable méchant du film :

Maintenant est la saison du mal, trouve-moi un enfant pour que je
puisse revivre !

Encore une fois

le pitch est assez simple pour laisser la place à l’essentiel, à savoir la comédie.

Pour le plus grand bonheur des spectateurs autant que des comédiens. Tous sont heureux de reprendre leur rôle et de ce point de vue, le métrage est singulièrement plaisant : Bill Murray affine ses standards détachés aux côtés d’une Sigourney Weaver épanouie en mère courage indépendante, tandis que Dan Akroyd continue de s’amuser de très sérieuses excentricités, donnant comme à son habitude beaucoup de lui-même au personnage. Rick Moranis continue de jouer des grimaces avec plaisir lors d’apparitions gaguesques, et Ernie Hudson semble plus à l’aise dans un rôle complet, à sa mesure. Tous sont présents avec beaucoup d’envie pour assurer la continuité grotesque de la franchise comique.

Nous revoilà !

Au final le scénario n’est pas des plus complexes ni malheureusement des plus passionnants, et même si c’était déjà le cas précédemment, c’est dommage : le méchant pêche par son immobilisme, la menace par son manque de relief, le récit par son manque d’aspérités et de nouveauté. La réussite est finalement moins impressionnante, moins entraînante que pour l’épisode précédent, cependant

le plaisir reste là, appréciable.

Fini donc l’hymne à la ville, ici c’est de feel-good movie qu’il s’agit, buddy style, où l’on apprend qu’il n’y a rien de mieux que de combattre le mal par le mal, d’annihiler les mauvaises vibrations par de bonnes, tout en sachant s’entourer de véritables amis. Souriez, dansez, chantez, seuls les fantômes de votre propre passé reviendrons vous hanter, rien que vous ne puissiez vous-même déjouer !