Il faut avouer qu’on en attendait tout de même plus de la rencontre entre deux des plus grandes actrices françaises, les deux Catherine, Frot et Deneuve. Pas que « Sage femme » soit mauvais, mais on a plutôt affaire à un film tiède alors qu’on était prêt à assister à une confrontation entre feu et glace. Bien entendu, leur jeu et leur art n’est jamais à remettre en question tant les deux comédiennes se glissent toujours avec maestria dans leurs rôles avec une gamme infinie de nuances. Des rôles qui sont d’ailleurs des déclinaisons de compositions dans lesquelles on a déjà pu les voir auparavant. La femme rangée et rigide pour Catherine Frot et la bourgeoise inconséquente et hédoniste pour Catherine Deneuve. Des rôles dans lesquelles elles excellent mais qu’on aurait également pu inverser, si ce n’est l’âge, tant elles savent presque tout jouer et qu’elles l’ont déjà fait dans leurs immenses carrières respectives.
Martin Provost qui n’a pas sont pareil pour dresser des portraits de femmes, ceux-ci constituant l’entièreté de sa filmographie, ne démérite pas et propose à nouveau de suivre deux d’entre elles à la croisée des chemins. L’une est à l’aube de la mort et va pousser l’autre à sortir de la torpeur de sa vie morose. Après le très beau « Séraphine », biographie naturaliste de la peintre éponyme incarnée par Yolande Moreau, ou encore « Violette », autre double portrait féminin avec Emmanuelle Devos et Sandrine Kiberlain, le metteur en scène ne se renouvelle pas vraiment. Sauf peut-être qu’il quitte le passé pour revenir à l’époque contemporaine cette fois. En revanche, il développe toujours cette habileté à croquer la psyché féminine. On aurait cependant aimé que sa caméra soit moins statique et ses images moins ternes, qu’il enveloppe ce « Sage femme » d’un peu plus de folie visuelle de manière à être en adéquation avec un sujet un peu moins triste et gris qu’à l’accoutumée.
Son scénario est peut-être le problème du long-métrage finalement. L’histoire nous paraît quelque peu anecdotique et accessoire pour tenir sur près de deux heures et surtout pour réunir un tel tandem d’actrices dans un film. Il en résulte une impression d’une oeuvre qui manque de ressorts dramatiques, de tenants et d’aboutissants plus surprenants. Du coup, c’est parfois un peu plat. Un peu long aussi. Hormis Olivier Gourmet, les seconds rôles sont quelque peu sacrifiés, on aurait alors aimé que notre duo puisse se laisser aller à davantage d’humour et d’émotions. On aura néanmoins entraperçu un métier méconnu, celui du titre bien sûr, et vécu la rencontre de deux beaux personnages incarné par deux grandes actrices.