Après deux heures à être les témoins du cuir (chevelu et aussi de serpent cette fois) de Nicolas Cage, mais aussi de la crinière volumineuse et dorée de Laura Dern, c'est bien à Lynch que l'on a envie de conseiller un nouveau shampooing, tant "Wild at Heart" peut s'avérer tour à tour gras ou abîmé. A la fois road movie, romance, thriller ou encore film d'action, le réalisateur barré se lance dans un mélange des genres avec plus ou moins de réussite.
NIC' CAGE & THE BAD SEEDS
On retrouve l'onirisme et la beauté dans la composition de certains plans de transition, ou encore dans quelques séquences en particulier. Hélas, cela va de pair avec les excès et obsessions habituels du réalisateur. Excès de violence, excès dans la mise en images, excès dans les personnages. A ce titre, Diane Ladd est insupportable de surjeu, heureusement Nicolas Cage, Harry Dean Stanton, Isabella Rossellini ou encore Willem Dafoe rattrapent le coup, composant une galerie de gueules bien charismatiques. De Sailor le bonhomme bien rock'n'roll adepte de punchlines et autres envolées lyriques que ne renierait pas un JCVD des grands jours, à l'allumé Bobby Peru, prêt à déraper, la fleur au fusil. Au point pour le spectateur de ne jamais s’exclamer : « que Sailor est lourd, là ». D'aucuns critiqueront la performance de Laura Dern, j'estime pour ma part qu'elle est totalement dans le t(h)on.
♫ FERRY TALES OF YESTERDAY WILL GROW BUT NEVER DIE ♫
Si dans un premier temps, la filiation avec "Le Magicien d'Oz" est évidente et met du Baum au coeur, on déchante assez rapidement devant cette histoire sombre. David l'illusionniste a plus d'un tour dans son sac, mais cette fois, on ne peut dire que le magicien dose ses ingrédients. Le point d'orgue, c'est cette fin complètement perchée, bateau (avec un héros nommé Sailor on pouvait s'en douter !), dégoulinante, à la limite du grotesque, qui décrédibilise tout ce que le créateur de Mulholland Drive et Lost Highway avait essayé de mettre en place au préalable. Jusque-là, l'écoeurement était contenu, on arrivait encore à faire abstraction de la "performance" de Diane Ladd. Finalement, ce dénouement aura eu raison de ma patience. Raison de moi. Reste une bande son agréable, ne parvenant toutefois à occulter une véritable sensation de gâchis.
J'étais motivé à l'idée d'assister à un déluge de pessimisme vu le caractère sans espoir de cette histoire issue du cerveau complètement dérangé du géniteur de Twin Peaks. Pressé de dire à Lula "Bye", je dois bien admettre que j'attends toujours que Laura, pâle, meure.