Après Blue Velvet, David Lynch s'est lancé dans l'adaptation du roman "L'Imagination du Cœur" de Barry Gifford, virée sombre et violente à travers les routes américaines d'une jeune couple vivant d'amour et d'eau fraîche. Road movie déjanté où nos deux tourtereaux inconscients vont faire des rencontres toutes plus dingues les unes que les autres, Sailor & Lula porte indéniablement la patte de Lynch, le film étant en apparence linéaire mais reste gorgé de séquences bizarres, de références évidentes et d'un grain de folie propre au metteur en scène américain...
Visuellement, le long-métrage est d'un hypnotisme renversant, que ce soit le look rock'n roll de ses personnages (l'inoubliable veste en peau de serpent de Nicolas Cage), les lumières chaudes des décors désertiques ou l'hémoglobine écarlate des séquences sanglantes. Parallèlement, la bande son est dynamique, puissante, véritable miroir sonore des péripéties violentes de nos héros, une musique allant des ballades d'Elvis à la brutalité du groupe de speed metal Powermad. Entrecoupé des scènes d'amour torrides entre nos deux héros, le film nous entraîne dans une traversée jonchée d'embûches et de mauvais présages, comme si le destin souhaitait entraver cette love story peu commode entre deux jeunes fous que rien ne séparera.
Sans cesse baigné dans des références directes au Magicien d'Oz, le film semble en être une allégorie, comme si Sailor et Lula marchaient inconsciemment sur la route aux briques jaunes tout en rencontrant les différentes créatures du Pays d'Oz. Naïf, complexe, déjanté, lyrique et parfois même dérangeant (vous n'échapperez pas à certaines séquences gore), Sailor & Lula est une œuvre incroyablement poétique, probablement la plus dans la filmographie de David Lynch qui signe ici un film à la fois tendre et monstrueux tout en dévoilant le talent caché de Nicolas Cage pour interpréter des personnages décérébré avec une certaine retenue. Culte.