Le décès tragique et prématuré de Gaspard Ulliel, brillant comédien que j’avais découvert sur le tout aussi brillant Long Dimanche de Fiançailles, de Jean-Pierre Jeunet, m’a poussé me tourner vers le film présenté par beaucoup comme son plus grand rôle, Saint Laurent de Bertrand Bonello, un cinéaste dont je n’avais vu que Nocturama, absolument brillant. Et dans Saint Laurent, je retrouve tout ce que j’aimais dans Nocturama, les ambiances oppressantes, cette prison mélancolique qui s’installe autour de ses personnages, l’usage sublime et subtil d’une musique aux sonorités variées, allant de l’électro planante à l’Ave Maria de Schubert, et des comédiens sublimes, déphasés par rapport à l’univers dans lequel ils évoluent. Ulliel est brillantissime, il réussit à se faire oublier en fusionnant avec YSL, dans une espèce de quête d’immortalité artistique qui ne mène à rien, avec des scènes de débauche très aériennes, presque comme dans un rêve. Pour autant, même avec sa mise en scène brillante (le défilé final dans un split-screen sublime, sous les yeux d’un St Laurent quasi sénile), le film manque d’émotion, contrairement à ce qu’accomplira plus tard Nocturama. Toutefois, le talent de Bonello, la puissance de son geste, ainsi que son ambiance envoûtante font de Saint Laurent un grand film, qui mérite d’être vu.