Une vacuité haute couture
C'est avec une curiosité toute particulière que j'ai été voir ce second biopic de l'année. Ayant été voir le premier de Jalil Lespert, j'ai évidemment contracté cette curiosité comparative me demandant quel film allait faire Bonello car le cinéma c'est avant tout un certain regard.
Bien malheureuse expérience que cette séance.
Ce qui frappe de prime abord c'est le rythme, le film se complaît dans des plans contemplatifs sans substances, qui s'éternisent sans pour autant briller par leur photographie. Je n'ai pas du tout aimer l'ambiance visuelle du film, la photographie est à l'image de l'ensemble, fade et désincarnée. La vacuité règne sur l'oeuvre de Bonello, non pas pour faire l'éloge du chaos, mais celle de la médiocrité.
Les acteurs sont livrés à eux même dans cette construction décousue et cette mise en scène souvent approximative. La carrière d'YSL est anecdotique et ne reprend vie que lors de l'unique défilé, et ce n'est pas pour autant que sa vie privée nous est dépeinte avec passion. On a l'impression que Bonello n'aime pas son sujet, le limitant à une âme en peine, vagabondant de plans plans. La fameuse descente aux enfers de YSL nest qu'un feu de paille, la drogue devenant ici un simple leitmotiv, le film ne possédant pas de vrai ruptures.
Gaspard Ulliel ne convainc pas en Yves Saint Laurent, complètement désincarné, il peine à insuffler de la vie à son personnage et semble errer tout au long du film entre voix caricaturale et dialogues trop appuyés ( le fameux " est ce que tout ceci n'est pas dérisoire"). Le personnage de Pierre Bergé est quant à lui complètement anecdotique, relayé au rang d'amant soumis. Les seuls moments où Bonello tente de lui redonner de la substance sont gâchés par la mise en scène : la réunion interminable avec la traduction en direct et l'affrontement avec de Bascher où l'ellipse casse l'effet escompté tant la mollesse du dialogue le précédent est affligent. Le personnage de De Bascher est n'est à mon sens que provocation et vulgarité, jamais n'apparaît le côté dandy chic qu'il revendique.
Seules Léa Seydoux, Amira Casar et Aymeline Valade tirent leur épingle du jeu apportant fraicheur et dynamisme au sein de ce décorum vide, sans âme.
Au delà de tous les point précédemment mentionnés le film est rempli de "fausses bonnes idées". Dois-je vraiment mentionner l'inutilité de figurer YSL vieux ? Ou encore le fait qu'Helmut Berger soit post-synchronisé avec la voix de Gaspard Ulliel ( si encore ca ne se voyait pas). Le splitscreen est utilisé à outrance et n'apporte vraiment quelque chose que lors du défilé final (c'est lors du deuxième effet Mondrian qu'il est à mon sens vraiment utile, le premier étant raté). Et que dire de ces dates et sous-titres qui sont placardés périodiquement, à part qu'ils sont l'aveux d'une mauvaise construction du film. Saint Laurent n'est réduit qu'à une série d'anecdotes, le réalisateur ayant misé sur le fait que Lespert avait contextualisé et effectué une vraie chronologie dans son film.
Bref, à mon sens un film raté se targuant d'originalité, qui n'est en réalité que bancal et vide de toute émotion (seuls deux passages m'ont sorti de ma léthargie). Je ne comprends vraiment pas cette pluie d'éloges, Yves Saint Laurent est infiniment plus subtil et poignant.