Lion d’argent à la dernière Mostra de Venise (!), auréolé d’une excellente réputation dans le circuit spécialisé (!) et surtout choisi pour représenter la France aux prochains Oscars face à des films comme « A plein temps » ou « Revoir Paris » (!), on attendait donc beaucoup d’une œuvre comme celle-ci. Et on est d’autant plus circonspect et dubitatif face à l’emballement général qu’elle provoque. En effet, que ce soit sur les thématiques, la cinématographie ou même sur le jeu d’acteur, rien ne nous a touché dans ce film qui ressemble plus à un faux documentaire, un docu-fiction donc, qu’autre chose. On y voit donc une romancière qui va assister au procès d’une jeune femme pour infanticide aux assises de Saint-Omer dans le Nord de la France alors qu’elle-même est enceinte... On voit grossièrement venir la symbolique ainsi que l’effet de miroir inversé à des kilomètres et c’est plutôt lourd. Alors quand on sait que « Saint-Omer » développe ses fondements et sa raison d’être là-dessus... Quant à cette petite ville du Pas-de-Calais, elle n’est qu’un décor interchangeable tant sa localisation n’apporte rien au film et aurait pu être n’impote où ailleurs.


Partant de ce postulat qui en vaut un autre, on se dit que cela va quand même nous mener quelque part. Mais non, à part ces interrogations sur la maternité, le film essaiera de comprendre la psychologie d’une meurtrière imaginaire sans donner de réponses. Et conséquemment de confronter les émotions d’une jeune femme enceinte qui se pose des questions suite aux témoignages de l’accusée. Hormis cela, on a envie de dire c’est le désert absolu. Car s’il y a quelques scènes avec la romancière dans son petit hôtel, quasiment les deux heures que durent cet interminable et ennuyant long-métrage se déroulent dans ce tribunal à écouter des plaidoiries d’avocats et des témoignages de civils sur cette affaire inventée qui n’a que très peu d’intérêt. D’autant plus qu’on ne saura jamais la fin de mot de l’histoire. C’est donc ce qui s’appelle passer à côté d’un film dans toute sa splendeur. Si splendeur il y a vraiment...


On a donc parfois vraiment du mal à comprendre les goûts et motivations des sélectionneurs et des jurys de festivals. Le public décidera du sort de cette étrange (dans le mauvais sens du terme) œuvre de cinéma qui aurait plus sa place dans la catégorie essai. A noter qu’en plus les acteurs ne jouent pas toujours très justes, notamment l’accusée dont le ton monocorde, solennel et soutenu sonne faux. Les incessantes logorrhées verbales dans ce tribunal austère concernant cette affaire inventée ont raison de notre patience et on s’ennuie copieusement. On a hâte que le générique de fin arrive et rien ne viendra contrebalancer ce constat d’incompréhension de toute la projection. Pire, cette sorte de huis-clos judiciaire et féministe, s’enfoncera encore plus dans les limbes de l’oubli.


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JorikVesperhaven
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le 15 nov. 2022

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Rémy Fiers

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