Après avoir reconquis Jérusalem, Saladin doit faire face à une nouvelle Croisade. Grandiose film médiéval, Saladin en dit plus sur l'Egypte de Nasser, en quête de grandeur et d'unité. Le film prend beaucoup de latitude vis à vis de l'Histoire, taisant l'origine kurde de son héros, introduisant des personnages n'ayant pas existé et s'acharnant particulièrement sur Philippe Auguste, en ménageant Richard Coeur de Lion (posture largement lié à la géopolitique des années 60). Pour autant, et même s'il insiste beaucoup sur les dissensions au sein du camp des Francs, le film ne manque pas de souffle et d'émotion, franchement spectaculaire par moments, et prônant la tolérance. La mise en scène est virtuose bien que soumise à un montage parfois abrupt. A Saladin, on pourra tout de fois préférer les films moins politiques et plus humbles de Chahine, à commencer par Gare centrale, Un jour le Nil ou Le destin.