J’étais très curieuse de découvrir Samba. Des œuvres traitant des migrants, il y en a, mais finalement pas tant que ça. J’en suis ressortie fortement déçue et même excédée. C’est à se demander si les réalisateurs connaissent la réalité du quotidien des demandeurs d’asile … en tout cas ce n’est en rien ce qu’ils cherchent à nous montrer.
Nous découvrons la vie de Samba, sans papier sénégalais vivant à Paris depuis une dizaine d’années, et suivons ses péripéties pour y rester tant bien que mal, sa galère pour trouver du travail jour après jour et bien sûr ses tribulations amoureuses avec une Charlotte Gainsbourg dont on ne comprend pas vraiment ce qu’elle fait là.
Cela pourrait marcher sur le papier, mais nous nous retrouvons à regarder une comédie grotesque, en rien réaliste, beaucoup de punchline pour dédramatiser la situation, un sans papier à la vie compliquée certes, mais pas si difficile que ça. Il mange à sa faim, à un toit sur la tête, fait de belles rencontres et à même des amis cool, funs, stylés. Je n’ai toujours pas compris comment son ami Wilson/Wallid réussit à se payer une chambre de bonne dans les beaux quartiers de Paris, car même louée au black, on arrive à des prix indécents dans la capitale. Parlons d’ailleurs de l’importance de Wilson/Wallid dans le film, sans papier algérien qui fait des strip tease aux fenêtres de La Défense, faisant rêver des parisiennes écervelées et qui bien sûr gagne de l’argent en escroquant la veuve et l’orphelin. Du « bon travail de brésilien » comme dirait Samba !
Une ou deux scènes montrent le travail fait à l’OFPRA mais frôlent vite le grotesque. Rien n’est dit sur la misère dans laquelle vivent en vérité ces gens. Deux ou trois figurants expliquent qu’ils fuient la guerre, sans plus. Qu’en est-il des camps ? Des gens vivant à la rue ? De la misère psychologie de ces personnes ? Samba a les nerfs bien accrochés pour une personne menacée d’être expulsée et trouve le moyen de vivre sa vie avec légèreté nous dévoilant un fabuleux sourire Colgate et un regard attendri pour une Charlotte Gainsbourg dont le personnage n’a absolument aucun intérêt, n’est juste là que parce qu’elle tombe amoureuse de Samba. Oui et ?
Samba n’est rien de plus qu’une dégoulinante comédie romantique teintée de bons sentiments pour une frange oubliée et méprisée de notre société, histoire de faire croire que « quand même on parle d’eux ».