Les migrants sont nos amis, ils faut les aimer aussi...

Confortés par le succès retentissant de leur sympathique Intouchables, Eric Toledano et Olivier Nakache se sentent pousser des ailes et décident de reprendre grosso merdo la même formule tout en se frottant à un sujet sensible et d'actualité, adaptant le roman de Delphine Coulin.


Les intentions sont bien entendu louables, les auteurs ayant visiblement à coeur de dévoiler le quotidien semé d'embûches des sans-papiers tout autant que celui des associations tentant de leur venir en aide comme elles peuvent. Le duo aborde également la question du burn-out, de l'étouffement au travail, afin de livrer un portrait peu flatteur d'une société déshumanisée. Jusque-là, tout va bien.


Sauf que Samba se vautre malheureusement sur chaque aspect abordé. Bien intentionné, le film ressemble davantage à un tract militant qu'à une véritable investigation, caressant sans cesse le spectateur dans le sens du poil, abordant son sujet avec une bienveillance anti-productive. Tout est forcé, gentil, inoffensif, à sens unique, et l'on fini par se désintéresser totalement d'un parcours qui aurait pourtant mérité toute notre attention.


Censé ameuter autant de spectateurs que par le passé, Samba joue sans surprise la carte du divertissement à la fois léger, tendre et engagé, avec un soupçon de romantisme pour faire passer tout ça. Mais les ingrédients sont cette fois mal dosés, ne fonctionnant que très rarement (les vannes tombent à plat une fois sur deux) quand ils n'apparaissent pas comme superficiels, à l'image d'une romance à laquelle on ne croit pas une seconde.


Techniquement identique à Intouchables (même mise en scène, même musique...), Samba peine également à rendre ses personnages attachants, mal écrits qu'ils sont et incarnés par un casting en roue libre. En dépit du bon sens, Omar Sy conserve son accent du SAV et ne sait visiblement pas comment interpréter son rôle, Charlotte Gainsbourg a deux de tension pendant tout le film, Izia Higelin se contente de jouer son propre rôle... Quant à Tahar Rahim, le gars semble s'amuser mais son personnage ne sert pas à grand chose.


Peut-être pas honteux et tombant juste deux ou trois fois, Samba reste malgré tout une immense déception au regard de l'importance du sujet qu'il traite et des attentes qu'avaient forcément suscités le carton d'Intouchables.

Gand-Alf
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le 9 nov. 2015

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