Le summum du thriller héroïque français est atteint chez Auburtin qui voulait tirer de ses influences américaines quelque chose de bien français, ce spécimen très véberesque où l’on retrouve Depardieu, l’étiquette incarnée annonçant ”franchouillard” au monde entier, même si je pense que le terme est inévitable à partir du moment où un artiste français donne dans l’autodérision.
San Antonio contient sa propre parodie – c’est le principe – mais la laisse déborder comme pour s’assurer que la présence du Gros (c’est le surnom du personnage de Gérard) dans des expérimentations néo-milléniales se poursuit (après Vidocq, Blanche et Les Clefs de bagnole). Expérience ratée : la succession rapide de scènes voulues denses précipite le scénario et le concentre dans une comédie pressée.
Heureusement, c’est bien écrit, et Berri coproducteur assure que tout garde une certaine consistance, à défaut d’une consistance certaine. On ne peut pas dire que l’histoire se disperse : elle rebondit même plutôt bien sur chaque cliché, et la fin sait se faire assez petite pour ne pas tout casser. Il s’en serait fallu de peu, car sans Lanvin qui james-bondise, Depardieu qui baffre et Galabru qui s’habille de rose pour incarner une nouvelle fois son charismatique, irascible et hilarant personnage de commissaire, on s’en serait tenu à un gros tas d’intermèdes comiques comptant sur les seconds rôles et leur libido pour faire perdurer un sourire fragile chez le spectateur.
L’œuvre ne se sauve pas dans une fin où Patachou vient jouer la grande méchante trop déjà-vu pour être dignement parodique, une sorte de Blofeld combinée à la M de Judi Dench qui se fait le parallèle de quelques mashups émaillant la bande son de leurs notes triturées. C’est ça, trituré : voilà le qualificatif qui convient à cette œuvre qui se cherche en se reposant sur le capital de ses grands noms.
→ Quantième Art