Black Moon Rising est à l'origine un script rédigé en 1975 par John Carpenter pour un projet télévisuel abrogé. Souhaitant le remettre au goût du jour, les producteurs Douglas Curtis et Joel B. Michaels demandent un nouveau traitement à William Gray, qui a terrorisé les spectateurs du début des années 1980 en signant le scénario de L'Enfant Du Diable, mais aussi ceux de quelques films de Paul Lynch (dont Le Bal De L'Horreur et Humongous). Supervisé par un troisième scénariste, le script final gardera néanmoins l'empreinte de Carpenter malgré sa non-participation à la réécriture.
Un voleur adepte des nouvelles technologies et aux multiples identités accepte une mission du gouvernement U.S : dérober une cassette magnétique bourrée d'éléments compromettant une entreprise soumise à une enquête fédérale. Tel Snake Plissken dans New York 1997, c'est le dur à cuire Sam Quint qui va devoir se faufiler dans un endroit inviolable : deux tours high-tech gérées par un puissant trafiquant de voitures de luxe. Aux côtés de ce dernier, Nina, amoureuse des puissants bolides, vole le prototype d'une voiture atomique fonctionnant à l'aqua-simplex. Le hasard faisant bien les choses suite à quelques quiproquos, c'est dans ce véhicule que Quint doit récupérer la fameuse cassette...
Les origines de Plissken, l'un des héros les plus badass des eighties, se dessine donc ici sous les traits de Tommy Lee Jones, que l'on verra par ailleurs nettement plus inspiré dans le futur. Féru de high-tech à l'instar de l'agent 007, Quint court vite, conduit vite et séduit encore plus vite l'héroïne, une voleuse à la solde du méchant et miraculeusement convertie au droit chemin, telle une énième James Bond girl de pacotille. Cette dernière, c'est Linda Hamilton, fraîchement sortie du triomphe planétaire de Terminator et qui semble se demander ce qu'elle fiche là. Le méchant, qui reste en somme un pathétique loser, c'est Robert Vaughn qui l'incarne avec un sérieux confondant, à 100 000 lieues de la caricature qu'il exerçait trois ans plus tôt dans le catastrophique Superman III. À l'instar de Jones et d'Hamilton, l'acteur semble également se demander à chaque seconde le pourquoi de sa présence ici.
De son côté, Harley Cokeliss, le réalisateur, nous offre la lamentable impression de n'avoir aucune personnalité et d'être incapable de tourner un seul plan original. Avec des cascades prévisibles, annoncées sans subtilité et bousillées par un montage trop mollasson pour être honnête, un climax dévoilé sur l'affiche et un score synthétique déjà daté pour l'époque, il se peut même que les cousins Golan / Globus auraient refusé de produire la chose.
Restent seulement ces bouts de script, disséminés de-ci de-là et signés par Carpenter, qui témoignent de la "naissance" du héros de New York 1997 et de Los Angeles 2013. C'est très peu, mais c'est déjà pas mal.