En ce jour iconique du 14 février, sort ce qui s’apparenterait au premier abord à un récit amoureux. Bien que cette supposition ne se révèle dans l’absolu pas inexacte, il serait réducteur de le considérer uniquement ainsi. Tant la réelle force du film réside dans sa capacité à s’emparer de la romance classique pour venir créer par ce biais, une réflexion plus profonde sur la vie et ses traumatismes.
L’existence triste et morose d’Adam vient se heurter à l’apparition de son voisin, Harry. Par ce postulat de départ rappelant Lost in Translation de Sofia Coppola, le réalisateur contourne l’idée même de l’évasion par le cœur. Le réconfort d’une vie terrible n’est pas la résolution d’années de malheur. La question de la souffrance personnelle n’est pas résoluble par l’Autre, Andrew Haigh aimerait qu’Adam soit en paix avec son passé, il s’attarde sur lui, le filme avec grande tendresse même lors des moments les plus sombres, mais lui seul est la réponse. Il peut être aidé, mais personne n’est lui et malgré ses crises de folie, il n’est jamais caractérisé comme une personne malade.
Il devient fou, traumatisé par son passé, et nous, spectateurs, sommes avec lui, sans jugement, tel un ami proche. La caméra s’approche des corps de son duo, on suffoque et sue avec eux. Lorsqu’Harry et Adam sont dans la même pièce, quasiment jamais l’un est isolé dans le cadre. Une amorce est là pour ne jamais esseuler Adam.
Lorsqu’ils sont dans le même espace mais ne se regardent pas, le réalisateur fait par moment le choix de capter leur reflet dans une vitre, pour à la fois témoigner d’un moment personnel de solitude, et en même temps ne jamais rendre l’isolement trop cruel. Le film reste doux-amer, tel un numéro d’équilibrisme.
Il n’y a aucune rupture elliptique lors des flashbacks sur le passé terrible d’Adam. Le passé se révèle dans le présent, renforçant l’idée que l’accompli n’est pas une affaire révolue, il sert à la création du présent. L’absence de procédés mélodramatiques forcées renforce le côté sobre de l’ensemble.
Bien que trouvant le dernier plan de trop, venant sur-expliquer ce que le spectateur a déjà compris, il illustre l’espoir, une étoile est née.
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