Depuis les années 90 et des films comme "Reservoir Dogs" ou "Pulp Fiction", Quentin Tarantino, qu'on ne présente plus, a lancé la mode du film de gangsters dit "cool". Si cette petite révolution en a fait jaser certains (prétextant que le cinéaste procédait à une sorte d'apologie de la violence en la banalisant), la plupart des amateurs de salles obscures y ont trouvé leur compte dans un cocktail de dialogues cultes, musiques géniales et mise en scène frôlant souvent le génie. "Sans pitié", premier film du réalisateur sud-coréen Sung-hyun Byun, est sans conteste un descendant direct de cette mouvance, produit pulp et fun à mi-chemin entre un "Reservoir Dogs" pour son intrigue à rebondissements et le cinéma de Scorsese dans son côté opéra tragique mettant en scène des hors-la-loi et des flics prêts à repousser toutes les limites pour arriver à leur fin. S'agissant d'un premier film, on pardonnera ce léger manque d'inspiration qui fait que "Sans pitié" ressemble quelque peu à un hybride des cinémas pré-cités. Léger car le réalisateur instille sa propre patte dans un film d'une énergie proprement asiatique qui enchaîne les moments de bravoure à une vitesse folle si bien que les 2h qui nous sont ici proposées plaquent le spectateur au fond de son siège sans lui laisser une seconde de répit. Les acteurs sont charismatiques et donnent visiblement tout dans un scénario malicieux qui enchaîne moments présents et flash-back tout en réservant son lot de surprise sans perdre le fil dans une intrigue à tiroir. Alternant humour sous acide et passages aussi graves qu'une tragédie grecque, "Sans pitié" finit de faire perdre haleine à son public lors d'une dernière partie où trahison et règlements de comptes atteignent leur paroxysme. Du cinéma total et une véritable montagne russe d'émotions pour un film qui n'augure que du bon pour la suite d'une carrière que l'on espère prometteuse.