Et ils leurs pèleront le jonc comme au bayou du Louisianais

Depuis son échec commercial en salles, « Southern Comfort » semble être allègrement tombé dans l’oubli. Et pourtant, il est largement situé dans le haut du panier de la filmographie inégale de Walter Hill.

On y suit une escouade de la Garde Nationale, en mission de reconnaissance dans le bayou de Louisiane. Mais suite à une provocation, la mission va rapidement déraper. Et nos soldats vont se retrouver traqués par des autochtones expéditifs, dans ce milieu particulièrement hostile, avec des balles à blanc pour (presque) seule défense.

Autrement dit, il s’agit d’une sorte de mélange entre « Deliverance » et « Predator ». Sauf que dans « Predator », nos héros était un commando d’élite surentraîné à la camaraderie soudée. C’est ici tout le contraire. Nos protagonistes sont de vrais pieds nickelés arrogants, enchaînant les bêtises et les décisions stupides ou hâtives. D’autant plus qu’ils sont pour la plupart citadins, peu habitués au bayou, et pas vraiment amis. Bref, ils auraient pu constituer d’excellents méchants si on inversait le récit en le plaçant du point de vue des locaux !

Mais c’est justement ce qui intéresse Walter Hill. La majeure partie du film met la traque au second plan, faisant à peine apparaître les Cajuns qui chassent les soldats. Le réalisateur préfère dresser un portrait pessimiste de la bêtise humaine, à travers cette équipe de bras cassés qui va peu à peu se dissoudre. On peut aussi y voir une évidente allégorie du Vietnam, d’autant plus que l’intrigue se déroule en 1973.

Un portrait soutenu par des acteurs avouons-le très inégaux. Mais heureusement, quelques « gueules » réhaussent l’ensemble, telles que Powers Boothe, Keith Carrradine, Peter Coyote, Fred Ward, ou Brion James. Un œil avisé reconnaîtra également, derrière une grosse moustache, Sonny Landham, l’un des membres du commando de « Predator » !

Sans compter un tournage dans le bayou, qui renforce considérablement l’atmosphère hostile du film. On peut imaginer qu’un tel tournage ne fut pas facile à gérer (impossible de placer des marques au sol pour les acteurs quand ils ont les pieds dans l’eau…). Walter Hill n’y va pas non plus de main morte avec certaines morts visuelles. Et il livre un tout dernier acte étonnant au regard de ce qui précède, mais tendu à souhait et très bien géré.

« Southern Comfort » est ainsi une jolie surprise, et un survival de très bonne tenue.

Redzing
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le 6 oct. 2022

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