"Sans Toit ni Loi" est d'abord un film dur. Par son sujet, par son interprétation (Bonnaire prouve qu'elle est une GRANDE actrice), mais surtout par l'éclairage que Varda jette sur notre réalité à travers le personnage insoumis de Mona : une Mona qui retrouve un instinct primitif, presque bestial au cours de ses pérégrinations, et devient une sorte d'ange de liberté, une figure qui montre le visage de la cruauté du monde pour mieux l'affronter, qui frôle la brûlure de l'absolu, quitte à chuter dans l'ultime fossé, en effrayant parfois les autres (nous...) au passage. Mais si Mona avance dans la violence du réel, en dehors des villes qu'elle ne fait que traverser, en incarnant la précarité du passage humain, elle évolue dans l'espace sauvage du monde, et même si le spectateur ne saura jamais ce qu'elle cherche avec son humeur à fleur de peau, elle cherche : quand tout est fini, reste le vestige d'une vie, ou peut-être celui d'un ange. [Critique écrite en 1986]