Sans toit ni loi est le premier film que je vois d'Agnès Varda et je dois dire que ce fut une très bonne surprise pour moi, voilà donc un film très fort et franchement émouvant.


Dès le prologue du film, Varda nous montre la mort du personnage principal, Mona (jeune Sandrine Bonnaire), jeune fille vagabonde retrouvée morte de froid dans un fossé, ce qui annonce la couleur et donne directement le ton dès le début. À partir de ce fait divers, nous allons donc découvrir à la fois le parcours de vagabonde de cette jeune fille, son quotidien, sa liberté, son aventure, et comprendre pourquoi est-ce qu’elle est devenue clocharde. Car en effet, elle ne le devient pas par contrainte mais au contraire elle choisit elle-même d’être vagabonde pour avoir la liberté et pour pouvoir vivre le plus possible en paix, tout simplement. Au cours du film, on va donc découvrir les différentes rencontres qu’elle a fait sur sa route avec des gens, à chaque fois des personnes très différentes : des gens qu’elle a rencontré, qu’elle a aimé, des gens qui l’ont emmerdé aussi ; et en parallèle de son périple on retrouve à plusieurs reprises des moments où des personnages s’adressent à la caméra (un peu en mode documentaire) pour témoigner de leur rencontre avec Mona.


Déjà ce que je trouve assez fort c’est que le film arrive à trouver un équilibre entre le côté miséreux et en même temps ce côté bienveillant et l'admiration pour cette jeune fille qui en plus n’a pas du tout de mauvaise intention, elle n'est pas du tout en train de se rebeller contre la société, non, elle veut juste être libre et avoir la paix. Et on sent qu’Agnès Varda a vraiment une fascination pour le personnage qu’elle filme. Elle s’est d'ailleurs inspirée d’une vraie vagabonde qu’elle a rencontré et qu’elle a côtoyé pendant assez longtemps et qui lui a donné l’idée de faire ce film. Alors évidemment on sait tous que ça peut être très dur de vivre complètement dans le vagabondage durablement et ça le film en a conscience et en parle mais fort heureusement cela n'est jamais moralisateur puisqu’il s’en dégage véritablement une certaine empathie et une vraie bienveillance pour ce personnage.


Et donc à titre personnel, je dois dire que j’ai pris une claque, j’ai été vraiment surpris par ce film car que je ne m’attendais vraiment pas à ça. Je pensais que j'allais voir quelque chose de beaucoup plus “léger” (et je mets des guillemets parce que le sujet ne facilite pas vraiment la légèreté, on va pas se mentir) et en fait ça n'est pas du tout ça puisque pendant le film on sent vraiment la dureté de ce que c’est que d’être vagabond, on est vraiment traîné dans la crasse. On est alors témoin des moments de peine que cela implique mais également des quelques moments de joie (la scène où le personnage de Bonnaire boit des coups avec la mamie en est le meilleur exemple). Et du coup quand le film s’est fini, j’étais vraiment lessivé, c’était une bonne petite douche froide que je venais de prendre.


Mais je dois dire que j’ai beaucoup aimé ça, et ce qui me plait vraiment dans ce film c’est son côté très documentaire, Varda étant une adepte de ce type de cinéma. Ce qui rend le film assez singulier, c’est que, comme je l’ai dit plus tôt, on y voit à plusieurs moments des passages où des personnages s'adressent directement à la caméra et s’expriment pour partager leur rencontre avec la vagabonde Mona. Et on a de tous les points de vue, des gens qui la méprisent, qui l’admirent, etc.) Et là pour le coup on rentre vraiment dans l’approche documentaire (même si ça reste un film de fiction) puisque Agnès Varda a réellement été chercher des vrais gens, des non-acteurs qui jouent leur propre rôle en quelque sorte. On a donc des personnes de tout type de classes et de métiers différents qui sont interviewés, que ce soit des prolétaires, des paysans ou des gens de classes sociales plus aisées, on croise notamment un garagiste, un barman, un fermier, etc. ; toutes des personnes qui ont aidé Mona d'une manière ou d'une autre lors de son périple.


Je retiens également toutes ces séquences de vagabondage en travelling où la caméra de Varda va scruter le personnage de Sandrine Bonnaire (qui n'avait que 17 ans à l'époque et qui est absolument stupéfiante dans son rôle) qui marche dans la nature et dans la rue et la caméra la suit dans ces moindres gestes avec une vraie justesse, ce qui fait qu'on ne tombe jamais dans le misérabilisme, comme si à aucun moment l'auteure ne se plaçait au dessus du personnage qu'elle film, au contraire elle reste toujours neutre et juste et nous montre ce personnage tel qu'il est réellement, un être humain.


Tous ces petits moments font de Sans toit ni loi un film très touchant et très fort puisqu’il y a beaucoup de vrai qui se dégage de ces scènes, et tout cela témoigne d’une grande sensibilité et d’une grande humanité de la part d’Agnès Varda.

LungBoonmee
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le 18 déc. 2021

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