Manuel de survie, chapitre 1 : ASMR et langage des signes

La Nonne, Halloween, Indisious 4, American nightmare 4... 2018 nous refait le même schéma que 2017 avec de nombreux succès chez les films d'épouvante-horreur ; Sans un bruit fait largement parti de ces succès. Alors, film surestimé ou véritable petit bijoux horrifique ? Je pense qu'il est un petit peu les deux à la fois...

Attention cette critique comporte quelques spoilers...

Ce que l'on va retenir de Sans un bruit, ce n'est pas son scénario mais l'originalité de son concept. En effet, l'histoire ainsi que certaines scènes sont quand même -et ce malgré les tentatives de suspens- plutôt prévisibles ; plusieurs choses ne sont pas cohérentes (par exemple le fait qu'une pré-adolescente trouve la solution pour vaincre les créatures mais pas le reste de la planète) et beaucoup de questions sur la fin du monde et les monstres restent en suspend... donc le scénario de base est plutôt simple. En revanche le concept consistant à faire un film à moitié muet étant donné que les personnages qu'il introduit ne peuvent pas faire de bruit puisque les créatures se repèrent par rapport au taux de décibel, c'était une idée géniale ! Le côté quasi muet du film n'est pas du tout un obstacle, c'est ce qui en fait sa singularité. De plus la bande originale et le montage sonore s'incorporent bien dans les différentes scènes.

Sans un bruit n'est pas un film particulièrement effrayant et c'est dommage, mais il n'en demeure pas moins qu'il y a quelque chose de vraiment pesant dans l'ambiance ! En effet, le spectateur est plongé dans un climat post-apocalyptique déprimant et les scènes de suspens et d'horreur le place dans une atmosphère sous haute tension ; d'ailleurs le film se conclu avec un excellent cliffhanger bourré de tension qui annonce déjà la couleur pour la suite. L'absence de dialogues amplifie très certainement cette ambiance pesante. Par contre, même si le caractère dramatique du film fonctionne bien, les scènes d'émotion en tant que telles ne sont pas assez marquantes. Même si le long-métrage ne fait pas peur, les créatures ont une omniprésence assez angoissante ; il faut préciser que visuellement, ces monstres ont bien été imaginées. J'aimerais préciser que la différence entre Sans un bruit et It comes at night qui est aussi un film post-apocalyptique, c'est que le premier, même s'il met du temps à commencer n'est pas ennuyeux et nous propose même quelques bonnes scènes d'action.

Au niveau du jeu des acteurs, c'est très bien. La prestation la plus remarquable du film revient surtout à Emily Blunt qui simule merveilleusement bien la peur et la douleur sur son visage (émotions qui doivent être plus difficiles à faire apparaître de manière crédible lorsqu'on ne peut pas faire de bruit). John Krasinski est génial lui aussi et en tant que réalisateur, il a très bien dirigé les jeunes acteurs Millicent Simmonds et Noah Jupe qui sont également supers. En plus de bien jouer individuellement, on sent une réelle alchimie entre tout les acteurs ! Ces acteurs parviennent à faire quelque chose d'assez rare chez les films d'épouvante-horreur récents : leur prestation rend leurs protagonistes plutôt attachants. Enfin, la bonne maîtrise du langage des signes par les comédiens non sourds est le résultat d'un bon investissement.

Pour moi Sans un bruit n'est pas un chef-d'œuvre mais relève avec brio le défi d'être un film d'horreur moderne faisant preuve d'originalité malgré une histoire plutôt simple. L'ambiance et le casting constituent eux aussi des points forts évidents. Vraiment hâte de découvrir l'extension de cet univers post-apocalyptique silencieux dans un second opus.