Vaut mieux être silencieux que mal accompagné

Après le déconcertant Hérédité, on reste dans le mood de l'horreur angoissante avec ce scénario post-apocalyptique d'une famille américaine qui survit au quotidien à une invasion d'extra-terrestres dont la particularité est d'être aveugles mais mortellement agressives dès la manifestation du moindre bruit. Le réalisateur et acteur principal, John Krasinski, se met très bien en scène dans cette histoire horrifique atypique avec comme thèmes sous-jacents la famille et la difficulté qu'ont les parents pour protéger leurs enfants dans un monde où la menace est partout. Sans un bruit surprend par son originalité scénaristique, mêlant émotions et horreur, et par son ambiance pesante qui joue habilement avec nos nerfs. La qualité de jeu des interprètes, de la prestation instinctive d'Emily Blunt en mère protectrice à celles des enfants, tout aussi percutant, maintient la tension de bout en bout. La scène d'ouverture est glaçante et mystérieuse et laisse place à un début qui part très vite au quart de tour avec un rythme haletant et soutenu, toujours sous la contrainte originale et pas évidente du moindre bruit ! L'expérience sensorielle est telle qu'on se laisse contaminer par cette ambiance étrange et les scènes de silence nous laissent le souffle court, en quasi apnée, ce qui accentue les effets de jumpscares plutôt bien amenés. Néanmoins, avec une telle idée de départ, le scénario se contente de faire gronder la menace jusqu'à l'extrême à défaut de pousser l'intrigue en dehors de son cadre initial. J'aurai personnellement souhaité que ça dure plus longtemps et qu'on en découvre plus sur l'origine de cette invasion. En tant qu'amateur du genre, on a de quoi se mettre sous la dent et même plus que ce qu'on peut escompter en général pour un film de genre ; densité émotionnelle et acteurs talentueux à l'appui ! Loin des esprits maléfiques d'Hérédité, le silence de Sans un bruit est gage de qualité et traduit une angoisse singulière qui prend aux tripes.