Ouïe, mais non
Après les récents Split, Get out, Don’t breathe ou même Green room, voici un nouvel exemple de film de genre au potentiel énorme avec une idée de départ originale, du moins bien trouvée, pourtant...
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le 1 juin 2018
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Il y a des films qui nous surprennent, nous éblouissent, nous terrifient, nous rassurent, nous font voyager, nous font réfléchir... Il y a même des films qui ne nous font rien ressentir du tout. Celui-ci ne fait partie d'aucune de ces catégories.
Ce film fait partie de ceux qui vous font passer un mauvais moment. Il fait partie de ceux qui vous agacent. Ses acteurs m'agacent, ses personnages m'agacent, son silence m'agace (et c'est dommage pour un film qui porte ce titre....), ses situations invraisemblables m'agacent et son intrigue m'indiffère totalement.
Je crois que c'est la première fois de ma vie que je souhaite la disparition (et je précise : douloureuse) de tous les personnages d'une même oeuvre. Allez, j'épargne les enfants, sauf peut-être la petite mal-entendante.
Pour pitcher rapidement, on suit une famille qui doit vivre dans un monde désert, anéanti par des créatures impitoyables qui repèrent au moindre bruit. Pourquoi pas, mais dans le cas d'un high-concept comme celui-la, le minimum serait de rendre crédible la chose. Et je ne parle pas encore de la crédibilité des personnages, mais simplement de celle de la présence des bestioles.
Mise en situation : je marche dans la forêt, pieds nus, en évitant les feuillages et tout ce qui peut faire du bruit. De temps en temps, le vent fait se battre les feuilles entre elles, ce qui produit un son. Et pas le plus anodin. Rien. Aucune créature, aucun risque.
Et là, dans l'inattention, je percute de mon pied un caillou qui va raser le sol jusqu'à en heurter un autre et produire un bruit, bien moins distinct que celui du vent et des feuilles. Mais c'est la catastrophe ! Bah oui ! Parce qu'en plus d'avoir une ouïe surdéveloppée, les créatures sont capables de distinguer l'origine d'un son ! Qu'il soit de fait humain ou naturel !
Enfin voila.... On pourrait passer des heures et écrire des centaines de lignes simplement pour décrire ce genre de situations ridicules (bien que mon exemple ne fasse pas partie du film, encore que...).
On pourrait aussi parler du fait que cette famille, si prudente et si attentive quant aux nouvelles conditions de vie, attend l'arrivée d'un bébé.... D'UN BEBE ! Sans aller jusqu'à promouvoir la politique de l'enfant unique, il me semblerait tout de même plus logique d'éviter ce genre d'(heureux) évènements dans ces conditions.
Mais ce fait s'explique. La grossesse est au final la seule intrigue du film. Aucun des protagonistes ne cherche à comprendre pourquoi ? Qui ? Quoi ? Comment ?
C'est la seule chose qui tient le spectateur (un minimum conscient et informé, les autres se suffiront aux plans contemplatifs et à la hype autour du film) étant donné que très vite on comprend qu'on n'en saura rien, qu'à part survivre dans leur maison et ne faire aucun bruit, on n'aura rien d'autre comme climax que l'arrivée du bébé.
Je voudrais faire une légère parenthèse sur la scène dite de la cascade... Alors le père emmène son jeune fils au niveau d'une chute d'eau, et là : Il CRIIIIIIIIIIIIIIIE !
Voila, cette parenthèse couplée à mes explications précédentes devraient suffire à définir la crédibilité du film et de ses personnages : Ils vivent sans bruit dans une maison au beau milieu de la campagne. Avec AUCUN BRUIT ambiant. MAIS POURQUOI TU NE CONSTRUIS PAS TA MAISON AUX ALENTOURS DE CETTE CASCADE ???????
Ce film n'est que succession de situation toutes moins crédibles les unes que les autres qui nous emmènent à son dénouement......
Aaaaah ce dénouement.....
Je vais passer outre le gros de la scène, notamment l'accouchement qui se passe - - - - - wait for it - - - - - "sans un bruit", et parler directement de la fin fin. Donc la mère (qui vient d'accoucher hein, c'est pas comme si elle venait de s'échauffer, prête à aller faire son footing) se tient face à une bestiole qui a réussi à pénétrer dans la maison. Elle lui fait face pour protéger ses enfants, y compris son nouveau-né. Soit, l'instinct maternel. Puis, je ne sais plus exactement par quel enchainement, la jeune fille augmente la fréquence de son sonotone. Ce qui fait frémir la bête de douleur. Et là il va falloir s'assoir pour lire la suite... Cette action offre à la mère le temps de sortir un fusil à pompe et de défoncer la bête. Cette action - offre à la mère - qui vient d'accoucher - le temps de sortir un FUSIL A POMPE - et de défoncer la bête.
Jusque là, cette famille était dépeinte comme la famille américaine classique. A savoir, l'homme fort et responsable qui emmène son jeune fils chasser pour lui apprendre à être un homme, un vrai ! Pendant que la femme et la fille reste à la maison à coudre, faire à manger et le ménage. On peut se demander comment, dans un climat actuel, Hollywood valide ce genre de cliché.
Et je pense très certainement que la réponse est là : Il suffisait que la femme s'émancipe à la fin (et on parle des 5 dernières minutes du film), que ce soit elle la première à affaiblir ces créatures. C'est un peu la spécification qui suffit pour remplir le cahier des charges et obtenir le label "bien-pensant-mais-en-vrai-on-s'en-fout-parce-qu'on-a-couvert-Harvey-et-ses-semblables-jusqu'à-ce-que-les-sans-dents-le-decouvrent".
Après tout, le personnage d'Emily Blunt nous est présentée et introduite comme enceinte, et en bonne mère au foyer, peut-être faisait-elle partie des expendables avant l'apocalypse, qui sait ? Et surtout : qui cela intéresse ?? A priori pas les personnes qui ont encensé cet étron égocentrique.
Voilà, voilà. Si ce film n'était que vide, tel un The Road, il aurait au moins respecté son titre, et je serai passé au-dessus. Mais ce n'est pas le cas. C'est un mauvais film, un très mauvais film, plein d'incoherences et crédible à aucun moment, et qui nous est vendu comme un chef d'oeuvre. C'est là le hic.
En parlant moins, on entend d'avantage.
Créée
le 17 janv. 2019
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