Il y a six ans (déjà) John Krasinski, acteur et réalisateur, nous plongeait sans préambule dans le cauchemar d'une famille condamnée à survivre en silence à l'invasion de créatures hideuses à l'ouïe fine mais heureusement aveugles. La surprise était de taille et le film une belle réussite pleine de suspense, de rebondissements, de sursauts, de sentiments et des personnages infiniment attachants. Dans un second épisode laborieux, le réalisateur avait cru bon d'ajouter à la menace extra-terrestre une surcharge de péripéties qui détournaient complètement le film de son propos initial. Aujourd'hui un nouveau réalisateur nous invite à découvrir comment notre monde est devenu silencieux, comment par une belle journée ensoleillée le ciel a déversé sur New York des monstres aveugles dont la seule préoccupation semble être d'éradiquer l'espèce humaine pour s'installer sur place sans même proposer de cohabitation.
Après l'invasion brutale et inattendue des immondes bestioles et un carnage impressionnant, l'humain ne tarde pas à comprendre que le silence est sa seule ressource pour échapper à une mort certaine.
La bonne idée est de raconter l'histoire du point de vue d'une jeune femme en phase terminale de cancer qui lui laisse quelque répit dès lors qu'elle peut s'administrer des anti-douleurs. Consciente rapidement du caractère inéluctable de la situation, elle décide de marcher à contre-courant des préconisations qui sont de rejoindre la mer (les bestioles ne savent pas nager) et partir à la recherche de la pizzeria où elle dégustait de délicieuses pizzas en écoutant son père jouer du piano. Léger comme argument ? Sans doute, mais la traversée de New York en silence et terrorisée par des monstres qui ne laissent aucune place à la réflexion ou à la discussion est périlleuse et enrichie de quelques rencontres. Notamment celle d'Eric un jeune étudiant anglais qui a eu la mauvaise idée de venir parfaire son droit dans la grosse Pomme. A deux on est plus forts et la rencontre va réserver de doux, durs et dingues moments jusqu'à l'épilogue très émouvant.
On quitte donc le huis clos familial pour se coller au destin d'une fille qui a quitté son centre de soins palliatifs pour une sortie "en ville" et sait qu'elle ne rentrera pas. Et le cheminement avec le jeune homme terrifié offre de jolis moments comme celui où il effectue en silence un tour de cartes. On est donc loin des scènes spectaculaires (même si celle à l'intérieur du cinéma est très réussie) et finalement le film nous murmure à l'oreille que si l'on sait ce qu'il nous reste à vivre, autant se contenter voir rechercher des joies simples.