Les louanges pleuvent pour ce conte de Noël à la française orchestré par Alain Chabat. Mais en dépit de toute la sympathie que l’on peut avoir pour cet illustre monsieur du rire français, son « Santa et Cie » est loin de l’excellence qu’on veut bien lui accorder. C’est une tentative honnête et pétrie de bonnes intentions de vouloir concurrencer les américains sur le terrain délicat du film familial de Noël mais il faut avouer que si ce n’est pas un naufrage en bonne et due forme, c’est plutôt raté. Si les enfants pourront y trouver leur compte, il n’en est pas de même pour les adultes. Un peu comme dans l’horripilant « Sur la piste du Marsupilami », le tort de Chabat est de dissoudre son humour, à la base excellent, sur une tartine de niaiserie enfantine un peu trop présente. Il manque fortement du second degré attendu et de ce qui faisait le sel de son meilleur film à ce jour « Astérix : Mission Cléopâtre », mélange parfait entre humour Canal + et film d’aventures familial.
Le début du film emprunte fortement dans son décorum au « Charlie et la chocolaterie » de Tim Burton. On ne parlera pas de plagiat mais on ressent une forte influence voire ressemblance dans la fabrique de jouets du Père Noël et de ses lutins avec l’usine à chocolat du Charlie du film précité. Les effets spéciaux sont performants, il n’y a rien à dire et on attend de voir la suite. Mais si quelques décalages sympathiques entre Santa Claus et les parisiens qu’il rencontre ainsi que quelques gags bien amenés prêtent à sourire, tout cela rentre bien trop vite dans le rang et on finit par trouver le temps bien long et tout cela plus que consensuel. La dose de bons sentiments prompts à émerveiller les enfants est bien présente mais il manque d’un humour plus percutant et récurrent à destination des adultes.
Pourtant, on sent que l’idée de base était bonne et que le savoir-faire de l’ancien Nul aurait pu accoucher d’une comédie délirante comme savent le faire (en général) les américains. Mais cette dose d’impertinence et de loufoquerie semble être passée à la trappe. Alors on finit par décrocher en dépit d’une durée réduite à une heure et demie, montre en main. Tout juste se régalera-t-on de l’apparition très drôle de Jean-Pierre Bacri, de répliques qui égratignent notre société de consommation ou de bons jeux de mots pourtant bien trop rares. Comme si Chabat avait le cul entre deux chaises entre sa volonté d’offrir un film familial pour les Fêtes de fin d’année et sa capacité à dynamiter un postulat à priori fait pour lui. C’est malheureusement la première option qui prédomine de manière trop forte en occultant ce qu’aurait pu être « Santa et Cie ».