Durant le coup d'état d'Augusto Pinochet en 1973, plusieurs Chiliens ont demandé asile auprès de l'ambassade italienne dans le but d'être protégés, voire extradés dans cet autre pays qui les protègeraient de la dictature nouvellement instaurée. Nanni Moretti interroge plusieurs personnes qui ont vécu ces évènements.
Je ne connaissais pas les documentaires de Moretti, mais j'apprécie que pour une fois, il ne se met guère en avant, laissant parler ces témoins précieux, si on excepte un seul plan, celui sur l'affiche, où il regarde Santiago, la capitale chilienne. L'histoire m'a d'autant plus intéressé que je ne connaissais pas du tout la situation du Chili à l'époque, j'avais seulement entendu parler d'Augusto Pinochet, décédé en 2006, et qui avait fomenté un coup d'état contre la démocratie instaurée par le président Salavador Allende. On découvre aussi le rôle des Etats-Unis, sous Nivon, qui agissait en sous-main, intéressé par une des richesses du pays, la production de cuivre.
Mais ce sont aussi et surtout les témoignages qui sont frappants, ces personnes qui sont passée d'une période heureuse, sous Allende, jusqu'à la dictature qui pour certains les a envoyés en prison où ils ont subi des tortures. Avec des archives parfois terribles, où l'armée chilienne balançait des cadavres par-dessus les murs de l'ambassade italienne, comme le corps d'une jeune femme qu'on voit, en guise d'avertissement ou le dernier message d'Allende, alors terré dans son palais sous bombardement, qui demandait aux gens de résister face à l'armée, en promettant des jours meilleurs, et qui se suicidera quelques instants plus tard.
Par-delà ces messages, Moretti parle aussi sans doute du danger qui plane sur les pays démocratiques, à savoir l'idée possible d'un renversement, et cela donne un documentaire très intéressant, avec des témoignages qui font parfois froid dans le dos.