Santosh déroule pendant ses deux heures un polar convaincant, dénué de toute musique extra-diégétique (quel culot en 2024 !) et, fait d'autant plus remarquable, qui nous donne à voir l'Inde contemporaine dans ce qu'elle a de moins glamour, et pas qu'au niveau sanitaire : perpétuation du système de caste (pourtant théoriquement aboli dans la constitution progressiste du pays, adoptée en 1950), haines et conflits interreligieux et autre sexisme plus qu'ordinaire sont passés à la moulinette par la réalisatrice, Sandhya Suri.
Si le rythme global du film n'est pas dénué de défauts, et aurait gagné à être plus incisif par un montage plus rapide, l'ensemble se révèle cependant fort costaud. La cinéaste dresse un portrait de la police indienne des campagnes bien crade et révoltant, où la corruption est omniprésente et où la quête de vérité au centre du métier d'enquêteur semble être une préoccupation plus que secondaire chez les gardiens de la paix locaux.
C'est enfin sur la place de la femme indienne en société que Suri semble la plus à l'aise, montrant par l'exemple tout le lot de brimades, de dégradations, et même d'invisibilisation pure et simple (au sein de l'espace public) dont les femmes sont victimes, sans jamais en rajouter, ni le transformer en objet politique. En cela l'interprétation sans faille de Shahana Goswami aide forcément, l'actrice étant d'une justesse imparable tout au long du métrage. La même chose peut être dite du personnage interprété par Sunita Rajwar, laquelle achève le lot d'impolitiquement correct du film en introduisant (discrètement tout de même) la thématique de l'homosexualité.
Un petit mot pour conclure sur la réalisation, impeccable, en dépit de quelques scènes superflues et d'un montage qui comme je l'ai dit aurait gagné à être plus concis.
Une réalisatrice à suivre, en tout cas !