Sarah préfère la course par Skyler-m
Il y a ces films devant lesquels on passe un moment sympathique, sans pour autant se sentir complètement marqué sur l'instant. Et puis les jours passent et on se prend à mentionner le visionnage de ce film à son entourage, puis à y repenser souvent. Jusqu'à ce que finalement on se rende compte qu'on a été bien plus touché qu'on l'aurait cru.
Sarah préfère la course, c'est ce film là. Et on en parle si peu, que j'ai eu envie d'en parler ici. D'autant plus que je ne suis pas tout à fait d'accord avec ce que j'ai pu lire du film jusqu'ici.
Le premier film de Robichaud a les défauts et les qualités d'un premier film. C'est à dire une volonté de travailler chaque détails, surtout sur la forme, et tout ça à la limite du surtravaillé. Mais cette mise en place très balisée et calibrée est très prometteuse. Libéré du poids du « premier film », Robichaud pourra sûrement se lâcher suffisamment pour émouvoir bien plus le spectateur. En tout cas on peut l'espérer.
Malgré tout, ce manque d'implication du spectateur devant ce film est à mon sens voulu par la réalisatrice. Parce que le personnage de Sarah est détaché du monde qui l'entoure de telle sorte qu'il apparaît difficile d'être complètement connecté au personnage. Pourtant, tout du long du film, le quotidien de Sarah, ses questionnements, ses problèmes, sont dépeins de façon à ce qu'on comprenne son positionnement, son évolution et finalement embrasser avec elle le dénouement de ce parcours. Les derniers instants du film cueille le spectateur. Il n'y avait finalement pas d'autre fin possible.
On ne peut passer sous silence la prestation de Sophie Desmarais, qui habite son personnage, crève l'écran à tout instant et fait preuve d'une subtilité rare. Elle réussit à faire passer énormément de chose avec finalement peu de matière.
Ce que j'ai surtout apprécié dans ce film, outre le parti pris de dépeindre un personnage si simpliste et pourtant si complexe en même temps, c'est d'avoir favoriser la forme pour faire passer son message, bien plus que par les dialogues. Robichaud filme des détails, qui sont pourtant de toute importance, tel que des gestes, des pas, des regards. Sarah parle peu, mais elle observe beaucoup, et les silences et ses regards, sont suffisamment éloquent pour ne pas en rajouter. Elle surligne bien assez avec sa caméra.
Robichaud sait ou elle va, ce qu'elle veut raconter et met en place de façon calibré (un peu trop peut-être) les choses pour délivrer ce premier film, touchant de façon atypique. Car ce film est atypique, parce que Sarah l'est, et la mise en forme épouse son personnage. Sarah préfère la course est un film qui marque les débuts d'une carrière prometteuse. A voir aussi sa web série féminin/féminin.