Satan's Sadists est de ces films qui d'entrée de jeu annoncent la couleur.

Un jeune couple s'embrasse goulument à grand renfort de gros plans de bouches quand débarque une bande de motards mal filmés bien décidés à gâcher l’ambiance.
Pour montrer qu'ils ne rigolent pas ils molestent prestement le bonhomme et troussent la ribaude avant de la violer à tour de rôle dans un grand concert de rires de gorges : ils sont les Satan's Sadists et ils ne sont pas la pour ri... A ouais mais si du coup...
Quand on voit comment la garce agrippe son violeurs et les petits cris qu'elle pousse on se demande un bref instant si l'acte est réellement simulé mais les Sadists ne perdent pas de temps et jettent bien vite la voiture et ses occupants dans un fossé car leur méchanceté n'a d'égale que leur rapidité.

Ça ne fait que 4 minutes que le film a commencé, les crédits démarrent à peine et j'ai déjà le souffle court.
Je passe volontairement sur le générique qui comme un trip ne s'explique pas mais doit être vécu pour vous présenter brièvement les 7 terribles membres du gang.
Tout d’abord Anchor, sosie de Stephen King toujours à demi caché dans son chapeau cloche en feutre (sans doute une habile référence aux Trois brigands de Hungerer), chef indétrônable et indétrôné et Gina, son opulente pépée coiffée à la Bardot. Suivent Firewater, un iroquois basané à la tête en pain de sucre, Willie le borgne (sans doute le modèle du célèbre pirate du film les Goonies !) et d'Acid qui ne se déplace jamais sans sa moustache à la Burt Reynold, son flacon de psychotropes et son sonotone (véridique !). Roméo et Muscles sont quant à eux dépourvus de réels signes distinctif, signe j'en ai peur d'une mort rapide et (mais là j'extrapole un peu) sanglante.

Bon sur ce le générique se termine.
S'ensuit une éprouvante scène d'exposition pendant laquelle on découvre simultanément (au cours d'un montage cut entrelardé de vues de nos motards en approche) Tracy, jeune potiche en quête de bourse (sans S) et ses amies ingénues et [prénom générique américain], un jeune marine pris en auto-stop par un couple âgé, Charlie et Nora Baldwin, respectivement flic et femme de flic. Tracy va travailler au restoroute de Lew au volant de son buggy rouge pour payer ses études tandis que ses amies préfèrent se la couler douce en partant pour un week-end géologique.
Le hic c'est que les Satan's Sadists sont dans le coin et qu'ils ont d'autres projets pour tout ce beau monde.

Immanquablement les Baldwin et [Bill, Bob or whatever] décident de faire une halte dans le restoroute de Lew et c'est là que ça se gatte. [Will] commande un burger frittes coca et tente bien de faire du gringue à cette gentille potiche de Tracy mais le cœur n'y est pas, la tension et palpable et les multiples gros plans sur des bouts de moto et un ventilateur ne trompent pas : quelque chose se prépare.
Et là bam ! Allez pas dire que vous vous y attendiez pas : les Sadists débarquent. Aussitôt et pour bien faire comprendre à ceux qui n'ont pas vu qu'ils conduisaient sans casques qu'ils sont des ouf dans leurs têtes, ils font des blagues sur des cuillères en bois et lèchent la serveuse. Lew tente d'intervenir mais Firewater l'iroquois le détrompe : il se méprend, ses amis ne sont pas là pour foutre le bronx mais pour boire un café, c'est comme ça qu'on demande chez eux.
Ouf, Lew est rassuré, il n'a même pas eu à froncer la moustache pour rétablir l'ordre.
Les Sadists boivent ensuite leur café dans un semblant d'ordre quand tout à coup Gina décide qu'elle en à marre et qu'elle va danser sur une table pour attirer l'attention de Stephen King pour qui le café à semble t'il des vertus sédatives.
Cette fois si c'en est trop et Lew se doit d'agir : il débranche le jukebox d'un geste rageur et crie dans sa moustache. Comme les motards commencent à s'échauffer, Charlie sort une arme et la pointe au petit bonheur. C'était compter sans Firewater qui le désarme en surgissant de derrière le jukebox derrière lequel il avait habilement dissimulé ses deux mètres et sa crête.
Stephen King choisit ce moment pour commenter les charmes pourtant déclinants de Nora. Tout ceci n'est semble t'il pas vraiment au goût de Charlie qui envoie un bourre-pif à Roméo. Stephen King en bon chef de gang ne peut bien évidement pas laisser passer ça : après avoir confié Roméo aux bons soins de Tracy il ordonne à Muscles de surveiller la jeune femme et le seul homme jeune et valide du groupe en compagnie de son ami sonné pendant que lui même et le reste de la bande sortent montrer à Lew et aux Baldwin ce qu'il en coute d'éteindre des jukebox et de coller des bourre-pifs.
Et tandis que le doute n'est plus permis sur le sort de Roméo et Muscle une vraie question se pose : les Sadists, aussi vils et méchants soient ils oseront ils violer Nora et sa cinquantaine bien tassée ?
Alors que [Luke] achève prestement Roméo puis Muscles (à moins que ce ne soit le contraire) à l'aide d'un miroir de salle de bain et d'une cuvette de toilettes sous le regard bovin de la raide et inutile Tracy, Stephen King décide de répondre lui même à notre question par l'affirmative en culbutant violemment Nora sous les yeux exorbités de son mari.
L'affaire (rapidement) terminée, King/Anchor se reculotte et exécute froidement nos trois amis sous le regard réprobateur de Firewater qui, tout Sadist et iroquois qu'il est commence à se dire que tout ceci n'est peut être pas très moral.

Sur le chemin du retour un bruit de taule les alerte : dans sa précipitation à prendre la fuite au volant du buggy, [John] vient malencontreusement de renverser TOUTES les motos des Sadists. Après un bref coup d’œil à l'intérieur du restoroute et la découverte des corps de Roméo et Muscles le doute n'est plus permis : ils ont été tués jusqu'à ce que mort s'ensuive par leurs prisonniers.
Suite à cette révélation, les Sadists décident de poursuivre nos deux amis et de leur rendre la pareille en les tuant aussi, parce que y a pas de raison. S'ensuit une course poursuite effrénée dans le désert de toute évidence montée à partir de stock-shots d'épisodes de Derrick.

Malheureusement pour [Dick] et cette grande godiche de Tracy, le buggy tombe rapidement en panne et nos deux héros n'ont (d’après eux) pas d'autre choix que de se réfugier dans les rochers où les motards ne pourront (toujours d'après eux) pas les suivre, abandonnant leur buggy rouge pétant et dorénavant inutile au bord de la route parce que finalement la discrétion est un luxe qu'ils ne peuvent se permettre. Euh...
A leur arrivée sur les lieux les Sadists se prennent les pieds dans cette grosse ficelle scénaristique et doivent se rendre à l’évidence : il n'ont pas d'autre choix que d'aller dans les rochers.

Après avoir bêtement foutu en l'air deux de leurs motos en essayant de traverser des gros bancs de sable, les Sadists s'assoie par terre pour réfléchir. Pendant ce temps là Firewater qui n'est semble t'il jamais fatigué décide de monter sur une grosse colline pour voir. Et tandis qu'il scrute l’horizon, raide comme un piquet en haut de son monticule, notre Iroquois aperçoit soudain du coin de son œil perçant deux silhouettes qui se dirigent vers ce qui semble être une sorte de bétaillère.
Leur promptitude à se dénuder et l'excès de maquillage sur leurs visages juvéniles portant un peu à confusion, c'est non sans mal que le spectateur finit par reconnaître en ces trois jeunes filles les insouciantes géologues de l'introduction. Ce n'est en effet qu'après avoir entendu l'une d'entre elle réciter le chapitre pierres et rochers du guide des castors juniors que les derniers doutes se dissipent.
Firewater quand à lui ne les remet pas mais il sait reconnaître une fille quand il en voit une. Aussitôt prévenu, Stephen King élabore un plan d'attaque : lui même, Gina et Acid et son sonotone iront tenir compagnie aux jeunes filles tandis que Willie et ce brave Firewater mettront leur paire d'yeux et demie en commun pour rechercher [Jake] et sa poule avec les deux motos encore en état.

Et tandis que Stephen King et son copain moustachu s'invitent à la dinette de nos apprenties géologues en faisant une fois de plus preuve d'un manque de savoir vivre révoltant, [Bruce] découvre en même temps que nous que Tracy n'avait apparemment pas compris qu'on lui demanderait de bouger et de dire des répliques au cours de ce tournage. Impossible dès lors de ne pas souffrir à la vue des regards de détresse que la jeune fille lance à tout moment à la caméra et au staff hors champ tandis qu'elle suit notre héros d'une démarche saccadée et empruntée, les bras le plus souvent collés le long du corps, raide comme une planche.
Malgré tout nos deux protagonistes arrivent enfin (le mot est faible) devant une grotte dans laquelle [Franck] décide de passer la nuit. Tracy profite de l'aubaine pour s’assoir sur une pierre bien en vue sans plus bouger histoire d'être vue de leurs poursuivants avant la nuit et son plan aurait sans doute marché vu le rouge pompier de sa robe si le seul Sadist dans le coin n'avait pas été ce brave Willie qui déjà borgne semble également aveugle.
Qu'à cela ne tienne, Tracy a aperçu un serpent et compte bien profiter de l'occasion pour cabotiner. Après avoir poussé un cri perçant, la voilà qui court à présent à découvert en direction de la grotte !
Cette fois ça y est, Willie l'a vue et se lance à sa poursuite, sans toute fois oublier de lui laisser une confortable avance.
[Chad], qui comme sans doute tout le monde à des kilomètre à la ronde à entendu le beuglement de Tracy accourt et se rends compte de la situation. Sans plus tarder et à l'aide d'un scénario complaisant et de la quasi cécité de Willie (qui bien que déjà borgne porte des lunettes noires malgré le soleil déclinant), notre héros sans peur se précipite vers son assaillant et, après être passé à quelque mètres de lui sans être vu s'arme d'une branche et... jette le serpent au visage du borgne !
Willie, qui sent sa dernière heure arriver, décide alors de profiter de ses dernière minutes à l'image pour cabotiner tout son saoul en se tordant dans d'affreuses douleurs avant de finir par tomber mort.

Pendant ce temps Stephen King et Acid en ont profité pour maltraiter les filles en leur faisant manger du ragout de force après avoir fait tomber la cuillère par terre. Après avoir bien rigolé, Stephen décide qu'il est temps de violer tout ce beau monde mais Gina sotte sur l'occasion pour lui faire une scène : manifestement il y a des limites et elle veut bien jouer au couple libre mais elle commence à en avoir marre de voir son Jules posséder des jeunes filles à qui mieux mieux sous ses yeux.
Stephen qui décidément supporte mal la critique lui enfourne derechef une grosse cuillerée de ragout dans la gorge avant de lui faire mordre la poussière (littéralement). C'en est trop pour Gina qui part pleurer.
Acid quant à lui n'a pas perdu de temps et a déjà drogué le café des pouliches : maintenant y a plus qu'à.

Plus tard le soir, Firewater décidément infatigable rentre enfin de sa patrouille et trouve Stephen et Acid en train de jouer à la roulette russe au pied d'un arbre après s'être occupé des filles droguées (je vous passe la description mais si un jour vous regardez le film tout y est).
Stephen que ni la disparition de Willie ni celle de Gina (partie se jeter dans un ravin avec sa moto) n'inquiète laisse alors Acid finir sa partie tout seul (ce qu'il fait, véridique !) pour montrer à Firewater les corps sans vies des trois greluches en ponctuant chacun de ses gestes d'un de ses ricanements caractéristiques et mal montés.
Cette fois c'en est trop pour Firewater qui trouve décidément tout cela par trop immoral. Et, tandis qu'Acid continue à jouer sous son arbre, notre grand iroquois et Stephen commencent à s'échanger bourre-pif sur bourre-pif tout en se crêpant le chignon (ce en quoi Firewater est assez avantagé). Ce dernier finit d'ailleurs par mettre son chef au tapis pour se jeter aussitôt sur sa moto, enjambant au passage le corps sans vie d'Acid qui semble t'il a perdu.

Entre temps le jour a eu le temps de se lever et [Tony] et Tracy sortent de leur tanière bras dessus bras dessous : ils sont presque sauvés, ils le savent. Sur ces entrefaites un bruit de moteur les fait sursauter : c'est Firewater !
[Will] décide alors de se débarrasser de cette grande brute inexpressive une bonne fois pour toute et tandis que le motard descend de son engin notre héros l'empoigne et finit par le faire dégringoler du haut de la colline.
Firewater, le torse écrasé sous d'énormes rochers en tissu en tout points semblables à deux hobbits sous leurs capes elfiques ne peut qu'expliquer qu'il venait les prévenir qu'il arrêtais de les traquer avant de succomber.
Mais [Steve] a déjà la tête ailleurs et tandis qu'il envoie négligemment plus loin de menus cailloux prélevés sur le motard (véridique !) son esprit est déjà à tout ce qu'implique ça toute nouvelle liberté.
Et c'est le cœur léger qu'il rejoint la raide et gauche Tracy pour entreprendre ensemble les derniers kilomètres de leur éprouvant périple.
Musique de happy end !

Ah mais non, attendez... Mais non, je ne me trompe pas : c'est bien une silhouette qui se dessine devant le soleil matinal ! Mais... Omondieu ! C'est Stephen King !!!
Et Stephen a de toute évidence envie de finir le boulot. Dans un ricanement sporadique et mauvais il braque son arme sur [Brad] et se prépare à tirer après lui avoir éructé au visage un torrent de menace émaillé de lieux communs. [Brandon] quant à lui ne perd pas le nord et se décide à jouer le tout pour le tout malgré la mauvaise photo. Extirpant de sa poche le cran d'arrêt de Willie, notre courageux héros le déplie lentement derrière sa hanche à l’abri des regards de Stephen qui est de toute façon bien trop occupé à s'écouter parler et ricanner pour se rendre compte de quoi que ce soit.
Alors, d'un mouvement de tout le corps, [Mike] envoie son arme vers Stephen qui, surpris, fait feu.
Tandis que la caméra s'éloigne pudiquement un doute étreint le spectateur : [Jim] est il mort ou pire : tué ?!
Mais non ! Il se relève et, prenant appui sur Tracy (dont la rigidité est enfin utile à quelque chose) constate comme le spectateur une trace de peinture rouge sur le col de sa chemise. Ouf, il s'en est fallu d'un cheveu !
Et c'est en jetant un dernier regard sur Stephen, le couteau inexplicablement fiché sur le coté de la gorge que nos deux héros s'en vont enfin, libres et en vie (bien que tachés) vers un jour nouveau qu'on leur souhaite plus calme.

FIN


Note : J'espère que ce résumé vous aura donné une bonne idée du film tout en prenant moins d'1 h 26 de votre vie (soit la durée du film) sans quoi vous auriez mieux fait de le regarder à la place. Il va de soit qu'un faible niveau d'alphabétisation ou une cécité même partielle peut vous avoir demandé plus de temps pour lire ce texte mais sachez que le film n’existant en DVD qu'en VO sous titrée vous auriez eu le même problème en le regardant : pas de panique.
Si après cette rude épreuve l'envie vous prend malgré tout de voir ce film prévoyez tout de même d'être accompagné (même si étrangement son visionnage s'est avéré pour ma part bien moins désagréable que prévu...).

Merci enfin de m'avoir lu jusqu'au bout.
Thieuthefirst
4
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Dans ce film un cadavre bouge et Dans ce film l'un des méchants a un sonotone

Créée

le 14 nov. 2012

Modifiée

le 14 nov. 2012

Critique lue 810 fois

12 j'aime

20 commentaires

Thieuthefirst

Écrit par

Critique lue 810 fois

12
20

D'autres avis sur Satan's Sadists

Satan's Sadists
ricky_fitz
3

Motards en carton et budget négatif...

Une horde de bikers ultra-violents sème la terreur dans les alentours d'une petite ville. Anchor et sa bande de psychopathes, violent, tuent et massacrent sans le moindre remords. Film de...

le 1 mars 2012

5 j'aime

Satan's Sadists
Anomalies
7

Cœur de Rebelle!

Réalisé en 1969 par un certain Al Adamson, un inconnu qui a réalisé quand même 17 films. Son plus connus est certainement Black Samouraï (1977) avec Jim Kelly. Quelques films de Blaxploitation ou...

le 16 juin 2020

3 j'aime

Satan's Sadists
EowynCwper
1

Critique de Satan's Sadists par Eowyn Cwper

Ah, ça me manquait de mettre la note minimum ! Je ne vois pas souvent de vraiment mauvais films, et c’est presque rassurant de me rappeler qu’on peut tout faire aussi mal, qu’il s’agisse de...

le 12 août 2022

1 j'aime

Du même critique

Alice au pays des merveilles
Thieuthefirst
4

Alice au Pays des Merveilles ou les Aventures du Chapelier Fou

Je dois avouer que je suis allé voir ce film avec beaucoup d'appréhensions... J'avais déjà vu l'affiche à de nombreuses reprises (il faudrait habiter un ashram aux confins du Tibet pour y échapper)...

le 27 déc. 2010

48 j'aime

17

La Jetée
Thieuthefirst
8

Rien à jeter (Critique en service commandé pour Hunky-Dory #02)

Faire la critique d'une œuvre aussi connue et plébiscitée que La Jetée n'est pas chose aisée tant l'impression est forte que tout ou presque a déjà été dit sur le sujet. On peut alors être tenté de...

le 20 août 2011

46 j'aime

14

La Rue maudite
Thieuthefirst
2

J'ai relu Chair de Poule pour vous épisode 1 : La Rue maudite

Pour inaugurer mon cycle de relecture Chair de Poule j'aurai pu commencer par mon préféré à l'époque, le premier que l'on m'ai acheté ou encore tout simplement par le premier publié chez Bayard...

le 7 mai 2013

33 j'aime

12