Saudade
6.8
Saudade

Film de Katsuya Tomita (2012)

J'attendais personnellement énormément de ce film. Le pitch était aléchant: du Japon, de la classe ouvrière, du hip hop et du Brésil: bref, des choses sur lesquelles je suis très sensible; et puis des quelques images que j'avais vu en plus de sa diffusion quasi invisible en France (on parle de sept salles sur tout le territoire et deux semaines de programmation du moins ici à Paris) je n'étais que plus prêt à y aller. J'ai donc foncé à la dernière séance heure locale et je pénétrais trois heures une salle obscure.
Saudade, pour faire court, traite en parallèle de jeunes hommes travaillant en tant qu'ouvriers sur des chantiers et ayant tous un lien avec le problème d'identité (immigration ou non, on retrouve le problème de trois nationalités: brésilienne, thaïlandaise et nippone) et des conflits que peuvent poser les origines dans la société. Tout cela prend place dans un Japon en crise et où la chanson (le rap et le hip hop donc jeunes gens) semble être un bon moyen de s'exprimer.
C'est un film dont je ne saurai encore maintenant vous dire s'il est bon ou non. La construction chaotique, la multitude de personnages dont l'on suit les directions y sont pour quelque chose c'est vrai, mais plus loin encore, le problème, je le reconnais aujourd'hui, c'est que dans son propos, il y a quelque chose qui me chagrine. Ici nous ne rentrons plus dans des considérations d'ordre général ou analytique mais personnel et je me rends compte que de ce film je n'attendais pas qu'il me dresse le portrait de ces conflits inter-communautés mais de la scène hip hop japonaise (que j'affectionne tout particulièrement). Je voulais qu'on me parle d'un Japon fiévreux, de battle de rap, de bon esprit et de mecs paumés alors qu'au final on me raconte les problèmes que peuvent poser dans cette société à la culture fondamentalement différente de la nôtre, les étrangers. Certes, c'est raconté d'une façon totalement maîtrisée, les images sont bonnes, les personnages intéressants et il y a même des passages drolatiques mais comme vous l'avez compris, le problème ne vient pas vraiment du film mais du spectateur. Il peut paraître longuet (j'en ai vu plus d'un quitter la salle tout bonnement) et même ne jamais commencer, on peut se dire tout ça pour ça mais en fait, c'est une belle peinture du paysage social et culturel du Japon en crise de nos ans que nous avons là.
Albion
7
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le 21 nov. 2012

Modifiée

le 21 nov. 2012

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Albion

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