On a parfois l'impression de regarder un téléfilm du service public, mais avec une photo soignée et des comédiens de premier plan.
Pour son premier long-métrage, Fabienne Godet parvient en effet à réunir une distribution remarquable à l'échelle française : Olivier Gourmet en monsieur tout le monde qui finit par péter un câble, Marion Cotillard en jeune paumée rétive à toute forme d'autorité, Julie Depardieu en journaliste locale un peu rebelle, sans oublier Dominique Blanc en épouse inquiète et Jean-Marie Winling en patron voyou.
Problème : à mi-chemin entre thriller et drame familial, la tonalité choisie n'exploite pas au mieux le sujet central du film, à savoir le harcèlement au travail.
D'ailleurs, il est symptomatique de constater que la meilleure partie du film se situe dans sa première demi-heure, celle où la caméra ne quitte pas les locaux de cette entreprise en difficulté, dont le directeur abuse de la "flexibilité" de ses troupes.
Fabienne Godet présente bien les enjeux et les forces en présence, scrutant avec acuité les comportements humains en pareille situation : la bonne volonté qui devient progressivement servilité, les diverses attitudes face au chef (l'employé obséquieux, le rebelle, les "neutres"), puis face au drame (colère, fatalité, mise en cause de la victime).
Dans ce tableau complexe et ces portraits en clair-obscur, "Sauf le respect que je vous dois" sonne plutôt juste.
Hélas, la suite ne sera pas à la hauteur, entre pseudo-thriller de seconde zone et drame familial déjà vu cent fois, alors que l'approche documentaire et film social semblait mieux indiquée.
Du coup, on a même l'impression que Fabienne Godet esquive son sujet, pourtant au cœur de l'actualité à l'époque, avec notamment la vague de suicides chez France Telecom.
Dommage pour Julie Depardieu et Marion Cotillard, qui méritaient mieux que ces rôles en partie sacrifiés.
Par conséquent, difficile d'évaluer ce métrage coupé en deux, entre une mise en place sensible et un développement bancal.
A l'arrivée, un premier film moyen, qui se regarde sans ennui, mais qui sera vite oublié.