En très nette perte de vitesse depuis plusieurs années (le fade biopic sur George W. Bush et surtout le décevant « Wall Street : l'argent ne dort jamais » en sont probablement les meilleurs exemples), Oliver Stone décide ici de s'attaquer à un sujet moins politique (quoique), et cela lui réussit. « Savages » est en effet probablement ce que le réalisateur de « Platoon » a offert de mieux depuis longtemps, ce qui n'en fait pas pour autant une réussite totale. Stone reste Stone, et nous n'échappons pas à une esthétique parfois tape-à-l'œil et plutôt chargée, la sobriété n'étant décidément pas le fort de ce dernier. Reste que pour l'occasion, cela colle plutôt bien à ce scénario classique mais bien renseignée sur les cartels mexicains, machine de mort surpuissante et inarrêtable. Stone l'a parfaitement compris, et ne tombe jamais dans un quelconque optimisme qui aurait fait sacrément tâche, le réalisme étant la plupart du temps au rendez-vous. Nous sommes également ravis de voir le metteur en scène retrouver le sens du rythme, l'ennui étant totalement absent de ces 130 minutes nous offrant même plusieurs scènes chocs, le ton sulfureux mais pas trop collant bien à cet univers très sombre, que le réalisateur parvient pourtant à rendre presque cool, sans pour autant tomber dans la facilité ou la démagogie. Cela est peut-être dû à la qualité des personnages et au talent de leurs interprètes : Taylor Kitsch et Aaron Johnson sont impeccables, Salma Hayek splendide et Benicio Del Toro inoubliable dans le rôle d'une des pires crapules que le cinéma nous aie offert depuis des années... Bref, à défaut d'atteindre le niveau des plus belles réussites de son auteur, « Savages » s'impose comme un thriller survitaminé, bien fait, plutôt intelligent et même traversé par quelques vraies fulgurances : du Oliver Stone comme on l'aime.