Ce n’est pas près de devenir un de mes films préférés, mais quand même, c’était plaisant et bien fait. La bande-annonce donne une impression assez adéquate de l’ambiance entre paradis et enfer : la voix un peu éthérée de Blake Lively (qui joue ici un rôle non sans similitudes avec la Serena de Gossip Girl), les plages ensoleillées de Californie et le high de la drogue d’un côté… de l’autre, la violence des cartels mexicains, la peur, la paranoïa.
À cet égard, c’est un film un peu déstabilisant. Il y a même un ton comique en filigrane ; mais tout cela participe d’un tout qui, au final, est assez cohérent. C’est “dans-ta-face”, avec beaucoup de musique, des personnages hauts en couleur, des passages survoltés et des transitions brusques. S’il y avait violence gratuite, au moins n’était-ce pas pour nous convaincre de ce que le réalisateur ne parvenait à exprimer autrement. Je ne supporte pas ces films, ou ces livres, qui cherchent le réalisme ou l’authenticité par la violence ou le “cru”. Cela produit plus souvent le résultat inverse de l’intention.
Je ne suis pas spécialiste des questions de narcotrafic, mais une chose m’a frappée en bien dans Savages. Malgré leur apparence de petits joueurs ou “artisanale”, on nous montre que Chon et Ben sont avant tout bien entourés, notamment d’ex-camarades militaires de Chon qui jouent aux snipers à chaque rencontre avec les Mexicains. On ne s’aventure pas dans l’univers de la drogue la fleur au fusil…
Benicio del Toro fait peur, et en même temps je l’aime bien, depuis 21 Grams. Parfois je songe à ces acteurs qui sont clairement castés dans des rôles de méchants pour leur physique (en fait, j’y songe presque à chaque épisode des X-Files, que j’écoute en ce moment). Sauf que les acteurs ont ce physique-là dans la vraie vie aussi… Qu’est-ce que ça fait, d’avoir une “tête de méchant” ? (Cette réflexion vaut aussi pour les acteurs castés dans des rôles de personnages laids.) Cela dit, il ne faut sans doute pas sous-estimer leur talent pour la comédie. Il y a une façon de jouer un méchant ; les gènes ne font pas tout, loin de là.
Selma Hayek est vraiment bonne aussi en madrina, je dois dire. Et nos trois petits jeunes qui tiennent les rôles principaux ne s’en sortent pas mal non plus. Les deux gars ont de beaux physiques quand ils se déshabillent, on a droit à de belles scènes au tout début du film… Blake Lively est convaincante : je ne l’ai jamais trouvée super jolie (même si elle a effectivement des jambes infinies), mais elle a quelque chose d’attachant, justement dans ce manque de perfection de son visage. Elle a une bouche à la Charlotte Gainsbourg (qui n’est pas très jolie non plus), vous ne trouvez pas ?