J'avais initialement mis la note de 8/10. Je descends à 7.
Adolescente, j'avais adoré le premier volet d'une saga souvent controversée, décriée, admirée, détestée ou victime d'une hystérie contagieuse de la part de sa fanbase. Aujourd'hui, et avec le recul, je peux comprendre en quoi le film a pu provoquer un tel flot de réactions diverses et variées.
L'ambiance de huis-clos partiel est par ailleurs foutrement efficace, et contribue pour beaucoup à créer une atmosphère sombre, dégueulasse et poisseuse au possible, qui ne quittera plus les autres lieux filmés dans Saw, et par extension, dans les films à sa suite. L'hôpital, le parking, les logements... tout est crade. Tout est repoussant. Même un bureau de médecin perd de sa superbe : étroit, peu lumineux, oppressant. La réussite du film tient donc en partie dans cette façon qu'il a d'attirer son spectateur au plus près du sale, de la merde et du sang. Les divers stratagèmes, pièges et façons de tuer ses victimes élaborés par Jigsaw sont d'un sadisme délicieusement jouissif, dont la culpabilité est vite envolée, au profit d'un divertissement à toute épreuve. Là où Hostel demeure encore pour moi une véritable épreuve quant à son visionnage, Saw conserve une aura récréative pas désagréable, bien au contraire. Regardable avec plusieurs niveaux de lecture, on peut totalement se prendre sérieusement dans l'intrigue et tenter d'en reconstituer le "puzzle" comme se foutre allègrement des détails et indices semés çà et là, pour se contenter de se marrer bien tranquillement à l'aise dans son fauteuil pendant que les personnages s'en prennent plein la gueule les uns après les autres.
La BO, divisible elle aussi en deux segments, est tout aussi intéressante. Les quelques morceaux de hard-rock disséminés et mangés par l'action et les dialogues restent pour moi un souvenir impérissable, passés et repassés dans mon lecteur MP3 de l'époque. Bite the hand that bleeds reste l'un des morceaux gravés dans ma mémoire, toujours aussi plaisant à écouter, même après toutes ces années. Un moyen idéal de clore le premier chapitre de la saga, dont l'apothéose est demeurée effectivement intacte. Si le montage épileptique est principalement responsable de l'abaissement de ma note, le climax compense l'effet agaçant à la longue, et s'inscrit comme l'une des fins les plus jubilatoires jamais vues pour ma part dans un film dit "d'horreur". Une montée en puissance soulignée par le titre Hello Zepp, glaçant au possible.
Côté casting, Tobin Bell est indéniablement Jigsaw. Pas de cabotinage : juste l'aura de l'acteur qui, fidèle au poste, accompagnera son personnage jusqu'au bout. Si en revanche le jeu de Danny Glover, Leigh Whannell et Cary Elwes restent largement dispensables, on pardonnera : le genre ne nous a pour ainsi dire pas spécialement habitué à l'excellence, malheureusement. VF à éviter absolument.
En bref, un bon film, qui aurait gagné à demeurer en parfait huis-clos, mais qui s'en tire plutôt pas mal, en fin de compte.