Darren Lynn Bousman, déjà coupable du second épisode, remet le couvert pour ce troisième opus de la saga. On change légèrement de ton pour une approche plus trash, gore et racoleuse. Évidemment ça ne plaira pas à tout le monde. Ca pourra même carrément débecqueter certains. Eviscération, torture filmée avec force détail et complaisance, mort d'innocents en quantité se retrouvent à chaque détour de scène. On passe dans la catégorie 18+. La série prend ainsi une tournure nouvelle et s'éloigne définitivement du thriller pour devenir le fleuron de ce que certains appelleront le torture porn.. Le but avoué de la licence SAW devient ainsi de donner au spectateur son quota d'atrocités parfois au dépend du scénario.
Un scénario qui, ma foi, reste relativement intéressant. Contrairement à des séries comme Friday 13th, les tribulations de Jigsaw continuent de reposer sur une trame ingénieuse. L'intrigue se renouvelle et le spectateur, qui connaît maintenant le principe d'une histoire qui ne révèlera ses tenants et aboutissants qu'en toute fin de film, cherche à deviner quelle machination le anti-héros à encore mis au point. J'ai donc suivi avec plaisir et le suspense a fonctionné. Avouons tout de même que les plans sont de plus en plus complexes et tordus ce qui pourra poser des problèmes de crédibilité à certains spectateurs.
Au niveau de la mise en scène, on est toujours dans la classique série B de bonne facture. Mention spéciale à la scène de la chambre froide qui est probablement la plus réussie des 3 premiers Saw. A part ça, rien à signaler, propre, utilitaire, quasiment sans intérêts pour les esthètes.
Les qualités restent, mais les défauts aussi. Ils s'aggravent même. C'est le grand retour des flash-backs à répétition. D'autant plus nécessaire qu'il faut maintenant expliciter certains éléments de l'histoire pour ceux qui n'aurait pas vu les précédents épisodes. Le récit s'en trouve alourdi et mal rythmé.
Si on ajoute à ça les personnages fadasses -certains sont insignifiants, d'autres frisent l'insupportable- on ne peut que constater que Saw n'échappe pas au défauts inhérents à son genre.
Au final, ce Saw III a les qualités pour me plaire. Il devient plus culotté et le mauvais goût y est assez omniprésent tout en parvenant à créer du suspense et à se positionner comme un divertissement honnête. Je tiens à saluer la formidable scène de trépanation à la scie circulaire, façon Bob le bricoleur. En revanche, le film radicalise son approche et donc polarise bien plus l'opinion. Beaucoup trouveront cela inregardable.