De la poésie expérimentale
Saya Zamurai (le samurai à l'étuie) est un très beau film de Hitoshi Matsumoto. Ce troisième opus que nous propose Matsumoto parle d'un samurai qui doit redonner le sourire a un garçon, sous peine de mort (le seppuku). Tout d'abord ce film m'a plu car il y a une constante tension entre le ludique et la mélancolie, voire la tristesse. Nomi, le samurai en question, a perdu sa femme et suite à cela, a perdu la force de se battre. Il nous est présenté comme un homme pathétique que même sa fille le préfère mort plutôt que ridicule. Son manque de fierté, qui va à l'encontre du principe samurai, lui permet de passer par toutes sorte d'humiliations sans broncher. Mais les liens qu'il va tisser avec sa fille et les gardes vont lui rendre sa fierté, jusqu'à ne plus craindre la mort.
Matsumoto joue sur plusieurs strates émotifs en choisissant ses personnages et en créant des liens entre eux. Tout d'abord, le lien père fille: La fille de Nomi n'aime pas son père au début puis retrouve cette amour paternel qu'elle avait perdu. Nomi et le petit garçon ont perdu une femme dans leurs vies et sont plongés dans la mélancolie. Les gardes qui ne s'entendent pas bien au début finissent par devenir de bons amis et forment une sorte de famille avec Nomi et sa fille. Les 3 chasseurs de prime qui voulaient tuer le samurai finissent par l'aimer.
C'est vraiment une sorte de gedaigeki expérimentale, très loin de l'univers que peut nous proposer Akira Kurosawa. Ici, le samurai ne se bat pas avec un sabre mais avec sa volonté. Saya Zamurai est encore un WTF filmique qui est plutôt réussi. J'ai été un peu déçu par la fin fleuri en chanson; pour un film avec un fond aussi dramatique je trouve le happy end un peu trop 'happy'. Mais je recommande ce film pour les amateurs de films japonais un peu décalé!
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