Si le film de Can Evrenol se place dans la lignée du rape and revenge, genre controversé et sulfureux par excellence dont le schéma général consiste à voir une femme sauvagement violée faire subir en retour les pires sévices à ses bourreaux, il innove sur quelques points : la victime est ici la sœur de la protagoniste, qui se chargera de la venger. Quant à Saýara, elle n’a rien de la jeune femme inexpérimentée, ayant été formé par son père au sambo, art martial soviétique au croisement du judo, de la boxe et de la lutte.
Handicapé par une exposition assez laborieuse, le long-métrage lâche complètement les chevaux dans sa dernière ligne droite et déploie une réelle sauvagerie dans ses scènes de pugilat, s’attardant à foison sur les plaies ouvertes, les os brisés et les crânes éclatés. Une violence d’autant plus râpeuse que le réalisateur ne tombe pas dans le piège de la stylisation à outrance, préférant une approche plus réaliste des coups portés.
Sans atteindre la radicalité thématique et visuelle d’un Irréversible, Saýara renoue avec une certaine frange du cinéma d’exploitation des années 70, dont la hargne et le nihilisme frondeurs étaient mis au service d’un portrait accablant de la société.