Frédéric Schloendoerfer, fils de Pierre, signe un premier film âpre, loin de tous clichés et servi par des comédiens en état de grâce.
Dans le paysage audiovisuel français, le genre policier était tombé en désuétude depuis bien longtemps. On se souvient des films de Gilles Grangier, Henri Verneuil ou Granier-Defer où les Gabin, Ventura et autres Delon s'affrontaient sur des musiques de Morricone ou Gainsbourg. On se rappelle aussi la violence des chefs-d'œuvre d'Alain Corneau («Le choix des armes», «Police Python 357», «Série Noire»). Aujourd'hui, la France du polar est divisée en deux. D'un côté, on trouve l'insupportable «Six Pack» d'Alain Berbérian qui copie honteusement ses confrères d'outres atlantique et de l'autre ce «Scènes de crimes» qui, sans renouveler le genre, surprend par sa rigueur et sa réussite.
On suit deux agents de la police criminelle de Versaille (Charles Berling et André Dussolier magistral) qui enquêtent sur les meurtres atroces commis par un tueur en série. Schloendoerfer nous montre leur quotidien avec une précision diabolique loin de tout ennui. On les découvre aussi bien au travail que dans leur intimité. On pourrait reprocher au scénario certains clichés comme l'alcoolisme de Dussolier ou la grossesse de quasiment tous les personnages féminins. Mais l'enquête et l'ambiance qui en découle sont tellement captivantes que l'on oublie ces menus défauts. Schloendoerfer a travaillé de très près avec la police et cela transpire à chaque image: la scène d'autopsie dispensée de toute effusion de sang inutile est criante de vérité. Il rend aussi un bel hommage aux policiers scientifiques. Un film noir très digne.