il y a quelque chose d'intimidant à l'idée d'aborder le cinéma de Bergman. La peur de ne pas être à la hauteur, de ne pas réussir à apprécier.
Ma première tentative fut un échec total, J'avais choisi un film court, "cris et chuchotements", mais j'ai dû abandonner très rapidement, Le film n'était pas sous-titré et je me suis aperçu que je comprenais très mal le suédois (on m'a rassuré par la suite -c'était somme toute assez normal-).
La deuxième tentative fut plus heureuse, les sous-titres aidant beaucoup, je compris devant "Scènes de la vie conjugale" que Bergman n'était pas Tarkovski. Nulle considération métaphorique chez le suédois, mais de la simplicité, une quête de réalité. A sa manière Bergman est également un chercheur, un explorateur des rapports humains.
Six chapitres, six scènes prenant place chacune dans un lieu unique déclinent sur une vingtaine d'années six périodes de la vie d'un couple (Johan et Marianne). Un couple parfait au début, un couple qui s'aime se parle énormément sans toutefois se comprendre totalement. Un couple qui se défait mais ne peut se séparer définitivement. Un couple qui se retrouve, mais toujours dans l'ombre de l'éloignement des êtres.
Deux heures quarante cinq de presque huis-clos, les personnages secondaires (les enfants, les amants) sont évoqués mais jamais montrés. Deux heures quarante cinq durant lesquelles tout est dit des doutes, de la sexualité de ce couple dans une liberté de ton surprenante. C'est cela l'essence du cinéma de Bergman, dévoiler les âmes sans complaisance, tout en sachant conserver même ténue, une petite flamme d'espoir, de vie, et c'est sacrément fort...