Schirkoa : la cité des fables est un film surprenant coproduit par l’Inde, la France et l’Allemagne. Il est difficile d’en dire trop sur cette histoire et sa succession de péripéties sans en gâcher les surprises, qui constituent finalement l’unique véritable atout de la production. L’intrigue, d’apparence absurde au premier abord, se déroule dans une cité oppressante où un décret oblige les citoyens à porter un sac en papier numéroté sur la tête, effaçant ainsi toute distinction visible entre les individus.
Le film, atypique, se déroule dans un univers alternatif déchiré par un mélange de cultures étonnant. Le scénario développe les thématiques de la révolution et de la nature profonde de la liberté, avec une fantasy folle qui plaira aux amateurs de film expérimental et de narration hors des sentiers battus. À ce titre, le film brille par son audace créative et sa profondeur intellectuelle et artistique. L’histoire propose une réflexion poussée sur la nature humaine en prenant des directions spectaculaires. Le dénouement, à la fois astucieux et percutant, offre une récompense méritée à ceux qui auront su faire preuve de patience, un défi qui, il faut bien l’admettre, n’est pas des moindres.
Le scénario, trop chargé de symbolisme, semble oublier sa fonction première : structurer efficacement une histoire. Le film devient rapidement confus et indigeste. Les nombreuses idées narratives et visuelles ne se confondent jamais en harmonie. Le scénario, aussi intelligent soit-il, est atrocement prise de tête, et la poésie recherchée ne parvient jamais à nous émouvoir. Pire encore, le rythme est laborieux, avec de nombreux passages à vide, notamment en début de film, où des scènes inutiles s’étirent avec langueur dans le seul but de nous montrer des performances techniques, qui par ailleurs, ne le sont qu’à moitié.
Du côté de l’animation, le film a été réalisé avec un moteur de jeu vidéo. Les couleurs et l’éclairage se distinguent de ce qui se fait habituellement et flattent la rétine d’une manière ostentatoire. Inutile de tergiverser, la technique laisse à désirer : les textures sont rudimentaires, et les décors manquent d’homogénéité, oscillant entre des environnements pauvres en détails et d’autres totalement chaotiques, surchargés par un excès de tout. Les expressions des personnages et la définition de leurs visages sont plutôt ratées, aussi on se demande si le fait de les cacher sous des sacs en papier n’était pas une occasion de pallier les faiblesses techniques de cette animation.
Nous attendions énormément de Schirkoa : la cité des fables, dont les visuels promettaient le meilleur, hélas, la déception est immense. Si l’intrigue, le concept et l’idée de départ ont de quoi captiver les esprits les plus curieux, le résultat, tant sur le plan esthétique que technique, échoue à répondre à nos attentes. Le spectacle souffre d’un cruel manque de nuances, de clarté et, sans doute, d’un certain sens artistique. Dommage.