Scott a une petite amie, lycéenne de 17 ans.
Scott a 22 ans, un groupe de rock et un colocataire gay.
Scott rêve de Ramona, n’a plus d’yeux que pour elle.
Adaptation du comics éponyme, Scott Pilgrim vs The World est le troisième long métrage du britannique Edgar Wright qui fait ici sa première incursion hollywoodienne en même temps qu’une pause dans la Blood & Ice Cream Trilogy.
Vraiment ?
Scott ressemble à Shaun : jeune homme en manque de repères et de confiance en soi, qui se cherche beaucoup dans le regard des autres, des filles notamment, avant que de chercher à se connaître lui-même, avant de grandir. En ce sens, Scott est pleinement un héros de Wright, un personnage avec qui s’interroger sur le passage à l’âge adulte, sur l’adolescence que l’homme n’arrive pas à lâcher, ce confort incertain qu’on a plus peur de perdre que d’améliorer.
Scott Pilgrim vs. The World s’inscrit également dans la recherche formelle de la Blood & Ice Cream : une adaptation comique mais scénarisée d’un genre cinématographique précis. On sort ici des salles obscures pour s’aventurer du côté des consoles vidéos, mais le principe est le même, et le résultat visuel est épatant. Impressionnant. Époustouflant. Entre les victoires qui se récompensent de pièces sonnantes et trébuchantes, les barres d’énergie, et le découpage ultra stylisé des combats, les trouvailles graphiques sont innombrables et participent au rythme enlevé et jouissif de l’objet : divertissement intégral.
Le scénario, par contre, est faible.
Vaincre les sept ex pour avoir la fille, la romance guide l’ensemble autour d’une évolution de Scott vers plus de maturité mais ce sont bien la forme et le rythme qui emplissent les vides, qui donnent de la chair, du corps, au film. Ainsi que la musique, omniprésente, mais pas toujours utilisée au mieux. Certaines séquences, comme la Bass Battle, ne sont pas à la hauteur des extraordinaires artifices pixélisé qui habitent l’ensemble, et laisse un aspect inégal.
« Quand on veut vraiment quelque chose, on doit être prêt à se battre »
Plus simpliste que les films de la Blood & Ice Cream, Scott Pilgrim vs. The World manque d’une touche d’humour british et noie dans les effets un scénario moins abouti que les précédents travaux du réalisateur. Reste cependant un excellent divertissement pour geeks et adolescents, un très bon moment d’innovations graphiques, et encore une fois un film qui démontre le talent d’inventivité, de créativité d’Edgar Wright.
Assurément un type à suivre parce que le jour où le cinéaste va abandonner le pastiche pour s’attaquer à un ambitieux drame d’anticipation, à une fresque fantastique, bref à un film d’adulte, sa virtuosité risque de laisser des ravages au cœur et aux mirettes.
Matthieu Marsan-Bacheré