Le succès de son premier film "Pinot, simple flic" l'année précédente permet à Gérard Jugnot d'enchaîner immédiatement sur un deuxième long-métrage, une comédie populaire consacrée au scoutisme, dans le magnifique décor naturel des Cévennes.
Le jeune réalisateur situe son récit en 1965, ce qui lui confère un aspect autobiographique - Jugnot évoquant sa propre enfance dans ces années-là - mais aussi une dimension mélancolique, soulignée par la mélodie de Gabriel Yared, en décalage avec la modernité moins insouciante de 1985.
De fait, "Scout toujours" est une comédie familiale plutôt sympathique, forcément un peu limitée par son registre très grand public, mais où Jugnot parvient à distiller une pointe de mauvais esprit et d'irrévérence à la mode Splendid, à l'image de quelques gags ou répliques grinçantes ("Elle est mannequin chez Olida!").
A vrai dire, j'aurais pu monter ma note d'un point, mais j'ai trouvé que la seconde moitié du film peinait à égaler la première partie en terme d'humour et d'intérêt. Il aurait sans doute fallu que quelques visages émergent davantage parmi la troupe de jeunes scouts, un peu trop transparents, tant au niveau de l'écriture que de l'interprétation.
Du côté des adultes, Gérard Jugnot comédien parvient à composer un personnage pas trop caricatural, dans la peau d'un chef scout dépassé à l'autorité défaillante.
Ce héros immature mais sympathique est entouré de plusieurs seconds rôles pittoresques, au premier rang desquels Maurice Barrier en gitan, Jean Rougerie en agriculteur et Agnès Blanchot en jeune rebelle un brin exhibitionniste.
Dans le cadre d'une comédie de ce type, on apprécie que Gérard Jugnot s'efforce d'évoquer quelques sujets de société (homosexualité, prostitution, gens du voyage…), mais avec un regard contemporain, on pourra tiquer sur la manière légère voire désinvolte dont le film traite d'une tentative d'abus sexuel sur mineur.