C'est difficile de ne pas tomber sous le charme de Scrapper, cette rencontre entre un père inconnu et sa fille de 12 ans qui trompe les services sociaux depuis le décès de sa mère. Tout d'abord grâce aux 2 enfants, Georgie et Ali, un duo débrouillard et sensible superbement interprété par Lola Campbell et Alin Uzun. Conscients du deuil que traverse Georgie, les deux oscillent entre une conscience adulte et une insouciance d'enfant. Harris Dickinson, qu'on a vu dans Sans filtre, trouve bien sa place d'adulescent, trop jeune pour être responsable mais trop vieux pour se connecter facilement avec sa fille.
Mais l'autre force du film c'est sa réalisation, qui souligne avec habileté des moments de grâce et de poésie comme d'humour. Il trouve un équilibre entre les genres, sans jamais tomber ni dans le drame ni dans une comédie décalée qui oublierait la gravité latente du propos. La séquence où Georgie réalise un appel téléphonique grâce à ces enregistrements ou encore la conversation inventée des deux étrangers en gare m’ont particulièrement marquée ; tout comme les tentatives d’Ali de raisonner Georgie.
La réalisation offre également de vrai parti-pris de composition entre les plans fixes, les caméras à l'épaule, les décadrages (notamment dans la maison, comme pour souligner l'absence de la mère), les instantanés picturaux, le travail des couleurs est de la musique. Alors oui par moment, on peut y voir l'influence de Wes Anderson pour le côté stylistique même si je trouve que le réalisateur développe son propre style, qui cherche non pas la symétrie en toute chose mais un peu de grâce dans un quotidien sommes tout assez blafard. Il faut également voir dans Scrapper un très beau travail de photographie, qui navigue là aussi entre réalisme et poésie, à hauteur d’enfant.
Scrapper démarre avec un synopsis assez classique mais la belle interprétation des personnages et surtout la proposition stylistique de réalisation font de l'ensemble du film une belle réussite.