Les 90's ont un petit goût tout particulier, surtout lorsqu'il s'agit des thrillers. Castings épiques, twists en folie, fondements d'une flopée de copies qui pollueront les salles quelques années plus tard et traînant dans leur sillage des suites en pagaille toutes plus rocambolesques les unes que les autres. Tant de petits charmes qui, mis bout à bout, aboutissent quasiment à un genre à part.


Oui, cette petite oasis bénie des dieux a clairement eu un début et une fin; mais ni la fin de la décade, ni la fin du siècle, ni la fin du millénaire n'auront eu raison d'un tel bouquet de saveurs. Enterré, ringard ? Non, le thriller 90's est bon comme les petits souvenirs qu'on redécouvre en déménageant. Il est vrai que certains finissent à la poubelle après avoir provoqué une petite esquisse de sourire, mais d'autres ne demandent qu'à être chéris.


Scream, premier du nom, fait partie de ces quelques-uns. Tel des mythes d'une autre époque (Massacre à la Tronçonneuse, Alien, Vendredi 13 pour ne citer qu'eux), Scream fait partie de ce petit club des élites de l'horreur, dont tout le monde connaît le nom (oui, même votre collègue coincé, celui qui va à la messe tous les dimanches), même sans les avoir vus.


Pourtant, quel dommage de ne pas avoir vu Scream !


Scream, c'est typiquement le genre de films qui peut passer inaperçu (et qui ne devrait pas). "Oui, le tueur masqué, les étudiants qui se font tuer..." Mais mon brave, Scream c'est bien plus que ça ! Tout d'abord, un casting de rêve : la trop rare Neve Campbell, qui donne un relief tout particulier au personnage de Sidney, qui sur papier aurait pourtant pu paraître semblable à n'importe quelle autre jeune fille dans n'importe quel autre slasher ; l'incroyable Courteney "Monica" Cox, qui incarne de façon jubilatoire la journaliste Gale Weathers, tant et si bien qu'on ne pense même pas à son mémorable personnage de la série Friends ; David Arquette en flic pas tout à fait expérimenté mais loin d'être complètement à côté de la plaque ; et une galerie de seconds rôles en or (Drew Barrymore, Rose McGowan, Matthew Lillard...). Ce beau petit monde, lancé dans le scénario d'enfer et riche en twists de Kevin Williamson, et dirigé d'une main de maître par Wes Craven, fait des étincelles à l'écran.


Wes Craven, justement. Le bougre semble s'exprimer ici à pleins poumons : on a rarement vu l'horreur côtoyer aussi bien le second degré, et c'est un vrai festival de séquences stressantes et de moments franchement fendards. Le mélange est détonnant et démontre, si toutefois c'était nécessaire, l'inutilité complète de faire une parodie de ce métrage. Wes Craven s'éclate, et le spectateur aussi. L'alchimie est telle qu'elle ne donne pas lieu à confusion (évitant ainsi une erreur commise dans nombre de "comédies horrifiques") : il y a de manière clairement définie des moments drôles, des moments dramatiques, des moments angoissants. C'est à mille lieues d'un fourre-tout devant lequel on ne saurait pas sur quel pied danser, l'ensemble de l'ambiance est au contraire d'une cohérence et d'une saveur inédites.


La recette peut sembler simple, mais tout est dans la préparation et la touche du chef, et ici c'est le caviar du slasher 90's qu'on déguste pendant près de deux heures qu'on ne voit pas passer. Très inspiré, bardé d'excellentes idées narratives (la séquence d'ouverture, le dernier acte), Scream tire parti de l'ensemble de ses ingrédients pour un résultat entièrement délectable.


Les fans du genre apprécieront les très nombreuses références et hommages aux classiques, ces derniers étant ingénieusement insérés dans l'histoire et ne donnant pas l'impression d'être du fan service facile.


Il y a mille et une choses qui forcent le respect, l'admiration et la fascination autour de Scream. Le meilleur des 90's ? Sans doute ! En tout cas, un pur moment de slasher qui se déguste avec délectation et mérite le revisionnage, même tardif, pour être vu sous le l'angle qu'il mérite. Un véritable plaisir coupable comme on n'en fait plus, un film qui s'embellit et se bonifie au fil du temps et des visions sans jamais perdre de sa superbe.


M'ayant pourtant peu marqué à la première vision, quand j'étais ado, Scream est majestueusement rené de ses cendres récemment. Etant plus à même de comprendre le film et ses subtilités, j'ai pu redécouvrir ce qu'il aurait été impardonnable de manquer. Grand bien m'en fasse.


Je vous laisse, mon téléphone est en train de sonner et j'ai du pop corn sur le feu.

Minou
10
Écrit par

Créée

le 22 mars 2011

Critique lue 1.3K fois

27 j'aime

8 commentaires

Minou

Écrit par

Critique lue 1.3K fois

27
8

D'autres avis sur Scream

Scream
Lehane
9

Don't kill me, I wanna be in the sequel !

Le hic avec Scary Movie, c'est qu'en parodiant Scream, il parodie une parodie ce qui, forcément, conjure vers une caricature grotesque et grasse d'un genre qu'avait déjà fait renaître Wes Craven en...

le 19 juin 2014

73 j'aime

13

Scream
Sergent_Pepper
7

In the fame of the slasher.

20 ans après sa sortie, Scream reste un jalon assez subtil du cinéma d’épouvante, et plus particulièrement du slasher. Alors que le genre est en déshérence et que l’un de ses pères, Wes Craven, tente...

le 26 nov. 2016

59 j'aime

1

Scream
Gand-Alf
8

La ville qui craignait le crépuscule.

En état de mort cérébrale à la fin des années 80 suite à une surabondance de productions de plus en plus navrantes et à un manque d'intérêt d'un public privilégiant une horreur plus "mainstream" (les...

le 25 oct. 2015

55 j'aime

6

Du même critique

Contagion
Minou
5

Roselyne approuve

Il a suffi d'une simple poignée de main, d'un simple voyage en avion et d'une escale malheureuse pour que la catastrophe se répande comme une traînée de poudre. De Tokyo à Minneapolis, la grippe se...

le 9 nov. 2011

71 j'aime

13

Alien - La Résurrection
Minou
1

Alien, L'enterrement

La saga est flinguée à tous les points de vue ; j'ai vu ce film 3 fois de mon plein gré pour essayer de positiver mais définitivement rien ne passe, quand je le regarde je me sens comme une pute à la...

le 4 janv. 2011

55 j'aime

12

Resident Evil : Retribution
Minou
7

Le Jour d'Après Kill Bill Reloaded : Les Deux Tours

Cinquième volet d'une saga qui n'en finit plus de nous ébahir, Retribution ne partait pas sous les meilleurs auspices. Après un Resident Evil : Extinction qui prenait un tournant hallucinogène à base...

le 28 sept. 2012

47 j'aime

8