Considérons que le deuxième volet bouclait la boucle en faisant de Ghostface le metteur en scène d'un récit taillé sur mesure, culminant dans un final situé sur une scène de théâtre. Dans l'idée, une suite construite comme une dialogue en continu avec son public, autant pour le surprendre que le malmener, c'était très fort. Que restait-il à dire ? Kevin Williamson - le scénariste historique de la licence - avait bien son idée (qui sera finalement exploitée avec Scream 4) sauf que l'Amérique sortait à peine de l'horreur après la fusillade de Columbine. Exit les campus, bon vent aux étudiants psychopathes et bonne continuation à Williamson. La charge de cette ultime mise en abyme est confiée à Ehren Kruger, qui décide de la déporter...à Hollywood. Scream 2 avait épuisé le sujet ? Le volume 3 le pousse dans ses derniers retranchements, plus proche dans l'esprit d'un Freddy sort de la Nuit. Sidney, Gale et Dewey se retrouvent piégés dans un studio qui reproduit leur expérience passée, à côtoyer ceux qui les incarnent sur grand écran. Parmi eux se cache le meurtrier dont l'identité secrète pourrait bien remettre en question tout ce que nous tenions pour acquis depuis 1997.
Un troisième opus est généralement celui du retour aux sources, histoire d'embrasser la mythologie avant le grand salut. Sur ce plan, Scream 3 est une grosse déconvenue, sa pirouette finale en plus d'altérer le tout premier saute à pieds joints dans la bouffonnerie théâtrale (encore plus que le deuxième, c'est dire). Pas grave, vous ne veniez que pour vous payer une petite frayeur ? Le constat sera tout aussi dramatique sur ce terrain. À court d'inspiration, la mise en scène de Wes Craven est de loin la plus plan-plan de toute la franchise. Les scènes de meurtre sont mécaniques, réglées sans passion ni créativité. Les quelques idées "nouvelles" ne sont rien d'autres que des redites du 7ème film consacré à Freddy Krueger, donc si vous êtes un peu logiques, vous aurez deviné qui est Ghostface au bout de 20 minutes. Ce n'est pas ce qui vous intéresse ? D'accord, oublions le script assez ridicule, pardonnons l'absence de tension, et négligeons jusqu'au prétexte de ce méli-mélo. Ouch, il ne reste pas grand chose. La mise en abyme ? Elle apporte quelques scénographies ludiques, un jeu de miroir déformant rigolo entre Gale et son double "fictionnel", de petits clins d'œils sympathoches et une dimension critique à l'égard des producteurs qui rétrospectivement fait froid dans le dos (Harvey Weinstein produisait la saga). Hélas, tout cela ne fait pas oublier que cette carte a déjà été pas mal jouée dans les deux précédents. Sauf qu'ici, l'adresse méta a plus valeur de justification pour les trous scénaristiques, notamment au gré d'une apparition d'outre-tombe sortie de nulle part. Dernièrement, Craven a lui-même travaillé le concept à l'extrême avec son croquemitaine à la face carbonisée. Le meilleur point de ce numéro 3, on le doit au trio Neve Campbell, David Arquette et Courtney Cox une fois de plus terriblement charmeur.
Aussi raté que soit Scream 3, on ne peut lui ôter qu'il s'efforçait de (mal) conclure son histoire. L'ironie étant qu'un 4ème opus a pourtant vu le jour, en reprenant le script prévu par Kevin Williamson pour le troisième. Devinez quoi ? Cela donnera un résultat autrement plus satisfaisant en dépit de grosses faiblesses et d'un ton bien plus sarcastique. On ne fera pas original en disant que le tout premier reste loin devant, pour ce qui est des suites, je considère le 2 et le 4 comme respectueux, funs mais bancals. Un seul peut légitimement être occulté sans honte, c'est celui-ci.